7 février 2010
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L'hypnose est un outil utilisé depuis la nuit des temps pour - entre autres choses - guérir. Qu'il s'agisse des chamanes d'Asie, d'Amérique du Nord ou d'Europe centrale, des guérisseurs occidentaux, des sorciers africains, des civilisations pré-colombiennes, tous ont eu recours à des fins de guérison ( parfois aussi de soumission , mais ce n'est pas l'objet de cet article ) à l'hypnose.
Les techniques mises en oeuvre par le " thérapeute " afin de placer le malade dans un état de conscience différent de celui de l'état de veille en sont très diverses: tam-tam en Afrique, instruments de musique développant une mélopée envoûtante en Asie, modulation de la parole, gestuelle répétitive etc.
Cet état de conscience différent, ou " transe hypnotique " permet, dans un premier temps, de faire taire notre envahissant et trop bavard " cerveau qui pense " et libérer enfin la parole du " cerveau qui éprouve et ressent " afin, dans un second temps, de les relier à nouveau l'un à l'autre dans des conditions apaisées, qui libèrent le malade de ce qui entravait son existence.
Eclipsée par les thérapies d'inspiration freudienne, l'hypnose resta cependant utilisée par de grands professionnels de la santé comme Pierre Janet . Elle revient depuis quelques années sur le devant de la scène thérapeutique grâce à un chercheur de l'école de Palo Alto, Milton Erickson.
Le petit enfant qui vient au monde est naturellement à l'écoute de son corps, et se sent ( sauf carences graves parentales ) en sécurité dans le contexte qui l'entoure et dans l'amour qui le soigne. Ce sont l'équilibre entre sa perception du monde, sa perception de l'amour de ses proches et la solidité des liens d'attachement qui favorisent la croissance de sa confiance en lui, ce que d'aucuns nomment " l'estime de soi ".
Mais qu'un traumatisme grave ou mineur vienne abîmer cet équilibre entre lui, son contexte de vie, sa relation à l'autre. Ou bien que ces liens d'attachement soient très gravement déchirés, voire inexistants, et - parfois durant une vie entière - il va traîner des souffrances physiques et/ou morales qui vont freiner sa propre réalisation.
La répétition de traumatismes similaires ne fera que l'enfoncer à chaque fois dans le cercle infernal de la souffrance physique et/ou morale.
Tout le travail de l'hypnose va consister à :
- permettre à la personne en souffrance de renouer, par le souvenir profondément réactivé, avec un lieu où elle se sentait en sécurité ( sécure ).
- panser les liens d'attachement d'une manière symbolique à travers la confiance au thérapeute. Point besoin de chercher l'aiguille dans la botte de foin du traumatisme. Ce qui compte n'est pas de le faire revivre mais là encore d'en sortir en s'appuyant sur du positif. Le propos des thérapies solutionnistes n'est pas d'enfermer le " demandeur d'aide " dans une quête sans fin des causes de sa souffrance (comme peut le faire la psychanalyse, et nous connaissons tous des personnes en analyse depuis perpète les galères et qui ne semblent pas aller mieux pour cela...). Leur propos est au contraire de l'aider à se libérer de ce qui l'empêche de marcher librement. En d'autres termes, de devenir enfin acteur de sa vie au lieu de la subir.
- lui donner un " outil " qui l'autorise à se soigner tout seul, sans aucune aide extérieure, lorsque le besoin s'en fera sentir, grâce à l'auto-hypnose.
J'ai participé ces trois derniers jours à un séminaire de formation à l'hypnose Ericksonienne.
L'hypnose Ericksonienne crée un état de sur-éveil et permet la réconciliation entre:
- Le corps qui pense ( le Mental ou la Pensée ) et souvent écrase les deux autres.
- Le corps qui éprouve ( l'Emotion )
- Le corps qui ressent et crée ( tout le Sensoriel et l'intuitif )
Rien à voir naturellement avec ces états de transe que l'on peut voir au music-hall. L'état d'hypnose est un état conscient et éveillé, dans lequel la perception sensorielle n'est plus parasitée par les constructions du mental et le mental plus parasité par les affects.
Comment fonctionne une séance?
- Le thérapeute demande au patient de suivre des yeux et sans bouger la tête les mouvements en balancier de ses doigts. Ces mouvements des yeux, inspirés de la technique de l'EMDR, activent de manière alternée les hémisphères cérébraux.
Ou pour le dire autrement et à lire sur cette page consacrée à la technique des mouvements alternés des yeux:
On sait aujourd’hui que l’état post-traumatique résulte d’une hyperactivité de l’hippocampe (souvenirs, représentations) qui boucle en circuit fermé avec l’amygdale (émotions, affects) tandis que le régulateur (thalamus) est "shunté".
Alors que les thérapies verbales agissent seulement sur le cortex, l’EMDR agit - par stimulation bifocale alternée - au niveau limbique, comme un « véritable sésame libérant les émotions », ouvrant tel un switch le court-circuit : c’est ainsi que le "circuit long" du réseau thalamus-hippocampe–amygdale est rétabli, d’où réactivation du thalamus et régulation entre hippocampe et amygdale.
- Une fois le patient sous hypnose ( ce qui prend quelques minutes, je l'ai expérimenté en mettant d'autres personnes dans cet état et en y étant mise ) , on lui demande de faire venir à sa mémoire un souvenir dans lequel il se sentait apaisé, confiant, et de bien le visualiser ( par exemple sur l'écran symbolique qu'est la main du thérapeuth, tendue sur le côté )
- Puis de se concentrer sur le lieu - ici et maintenant - de ses sensations coporelles de bien-être que l'on " ancre " ( fait entrer en mémoire sous hypnose ) grâce à des mouvements alternatifs oculaires.
- On lui demande alors de choisir laquelle de ses deux mains sera la mieux à même à l'avenir de prendre soin de ce bien-être redécouvert. On ancre à nouveau cette décision ( qui est la première sur sa remise en marche: prendre soin de soi )
- Enfin, on lui demande de choisir le lieu du corps où cette main se posera à chaque fois qu'une contrariété un traumatisme, un évènement quelconque viendront réactiver la mésestime de soi. On ancre ce choix du lieu du corps .
Le geste de la main se posant sur le corps devient le geste " ressource " que la personne utilisera à chaque fois qu'elle en éprouvera le besoin ( stress, souffrance, douleur etc) et qui réactivera cette sensation de bien-être et d'autonomie.
Sous hypnose, j'ai découvert que le geste qui m'apaise est celui de passer ma main droite lentement sur ma nuque.
La nuit dernière, j'ai été prise comme souvent la nuit de très douloureuses crampes dans les pieds. Après une bonne demi-heure à chercher à les faire passer avec les techniques habituelles d'étirements etc, je me suis mise en " auto-hypnose ", un peu désespérée de parvenir à calmer cette douleur. J'ai passé ma main droite sous ma nuque, lentement et me répétant" tu dois faire disparaître cette douleur dans tes pieds ".
Hé bien vous me croirez ou pas, mais en quelques secondes, cette sensation douloureuse s'est résorbée, comme si mon corps l'avait aspirée. Mes doigts de pieds si douloureusement écartés en éventail, les plantes des pieds durcies et arquées, les mollets si contractés se sont relachés avec une douceur dont je perçois encore le souvenir agréable. Un peu comme un liquide est absorbé par un buvard, et je voyais de tout mon corps cette absorption.
Je suis assez bluffée, je l'avoue, mais le propos dans cette existence étant de trouver des solutions plutôt que de s'enfoncer dans des problèmes, cette formation me rend confiance en mon aptitude à gérer ( entre autres ) ces petites douleurs qui souvent nous gouvernent...
Une page d'histoire de l'hypnose
Pour mieux comprendre la technique des mouvements alternés des yeux
Pour vous détendre, Musique, peinture, poésie, penser: Lully