Poésie, symbolique du monde, les quatre éléments, contes, écoute, accompagnement, musique
Par Russalka
Ce matin me levant, le ciel était plus clair que d’habitude. Ou était-ce mon regard ?
Ce matin , les ombres s’étaient enfuies, me laissant à la fois vide et pleine.
Avec ce sentiment d’épaules légères et prêtes à s’envoler.
Pour la première fois depuis des mois, passé une nuit paisible. ..
Ce matin en prenant le gros cahier à ressort sur lequel je consigne mes écrits et pose les idées quand elles viennent au bord de ma fenêtre, il n’y avait plus d’angoisse. Ni de culpabilité.
Mon corps tout entier, tout mon être ont été tatoués de culpabilité. Le travail de cette nuit a achevé d’ôter les dernières traces de cette encre empoisonnante et si profondément infiltrée.
Quelque chose me passe par la tête. L’histoire se crée d’elle même. Je ne suis pas plus avancée. L’histoire naît de l’histoire. Voilà ce que ça veut dire.
Autre chose dans ma tête C’est parti, sans laisser de trace. Ca revient. Amer, la mer, la mère. La mer nait de la mère. La mère nait de la mère. La mère nait de la mer. L’amer nait de la mère. Morne est la mère. La mort née de la mère. LA MORT NAIT DE LA MERE. Ma mère m’a donné en même temps la vie et la mort. Mais ça, je le savais, il n’y a pas de quoi en faire tout un fromage. Le temps et ses ravages ne m’atteignent pas. Je n’en ai jamais eu peur et d’autant moins que, à ce qu’il parait, je rajeunis plus le temps passe. Jamais fumé et jamais bu, vie saine et simple, promenades dans les bois de mes romans et dans les forêts de mes chères landes girondines… Et puis la peau de mon aïeule restée si lisse jusqu’à la fin comme celle de mon pépé. Je ne crains pas la mort ; Elle est si douce. Elle prend dans ses bras en ayant préparé la courbure accueillante qui va recevoir un corps et une souffrance. La mort est douce.
Hier, un homme est mort dans mes bras. Comme on s’endort.
Pourquoi la mort me renvoie-t-elle au mot miroir? C’est bizarre.
Le miroir et la mort. Je ne vois pas ce que cela veut dire.
Pour vivre, on a besoin de se trouver beau dans son propre regard mais aussi dans celui des êtres que l’on aime et avec lesquels on vit. Sinon on meurt. On décrépit, on se ratatine. Peut-être ma mère voyait elle sur mon visage un autre visage ? Peut-être avais je besoin que l’on jette un regard sur moi de temps en temps pour m’assurer de la réalité de mon existence.
Je n’existais que dans les mots posés avec rage ou peur sur mes cahiers de brouillons dont je faisais une consommation proprement démente.j’ai cessé d’exister pendant 30 ans, la plume posée le jour où ma mère a brûlé tous mes écrits.
Quelqu’un m’a rendu ce droit d’écrire.
Aujourd’hui, ce matin, il me le rend une seconde fois.
Ce matin, je sais que ma tendresse pour lui n’est plus une tendresse d’enfant en quête écorchée vive de ce regard maternant.
Aujourd’hui, ce matin si doux et si clair, si lumineux, la tendresse que j’ai pour lui est celle d’un écrivain pour un autre. Sans autre attente que celle de me nourrir de ce qu’il écrit, m’en inspirer, rebondir sur ses mots comme une biche sauvage, entretenir dans le silence la chaleur de ma main posée sur son épaule et qui dit : ne laisse jamais brûler tes pages par quelqu’un.
© RSSLK
Chic salon © - Hébergé par Overblog