Poésie, symbolique du monde, les quatre éléments, contes, écoute, accompagnement, musique
Par Viviane Lamarlère
Yelamos de Abajo
Un village de Castilla de la Mancha, oasis au milieu de montagnes désertiques
Ils ont toujours été là
sans doute
assis le long des murs
Ils sont là
Ils ne savent presque pas ce qui se passe ailleurs mais connaissent le dédale des rues
propres comme au premier jour
pas un papier qui traine
rien qui vienne briser les rais de lumières en train de naufrager
obliques entre les arbres
au milieu des ruelles une saignée sèche où pépient les oiseaux
Sur les balcons coulent les glycines
le vent les fait danser seul mouvement apparent dans un village en train de mourir ou de vivre à un rythme inconnu
le jour qui tombe semble ressasser les couleurs de la veille
et les mots
prières bleues et lourdes sous un ciel si limpide
les mots ne se terminent pas
personne ne ramasse le bout de conversation du voisin
c'est comme cela que le temps se passe
Un murmure parfumé d'anis et d'olive court le long des façades
avalé par le baillement d'une porte
on sait ce qui a eu lieu dans la journée on devine demain c’est le plus important
une voiture est arrivée c’est un événement
Un vieil homme a compris
Il se lève de son banc et ouvre le chemin
marche juste devant le capot à le toucher
appuyé sur sa canne
de la main nous indique l'angle à prendre pour ne pas abîmer la chaux fraîche des maisons
il fait le tour de la ville nous montre où nous poser
et s’en va sans un mot
sans montrer son visage sans attendre un merci
creuser le mur où l'attend encore son ombre
Pour lui c’est l’ordinaire pour nous c’est autre chose
il était là au bon moment
mais il ne le sait pas...
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