Poésie, symbolique du monde, les quatre éléments, contes, écoute, accompagnement, musique
Par Viviane Lamarlère
Giono : La chute des Anges - Un déluge - Le coeur cerf
Reçu aujourd'hui un petit livre dont les pages ouvertes au hasard m'émerveillent.
Une beauté à fleur de phrases, de cette beauté qui donne envie très humblement de se replier dans un trou de souris.
Ma passion pour les anges déchus y a rencontré nourriture pour toute une existence.
Bonheur d'en poser ici quelques lignes... avant qu'il ne s'envole...
La chute des Anges
Ils ne sont pas comme des paysans
par les chemins, tenant
dans les mains les terribles outils
du sauvetage et de la grâce.
Ils ne sont pas comme les boeufs des torrents
attelés à des charrois de frais et de semences
ébranlant à coup d'épaules bleues
les digues qui couvrent les villages
arrachant la terre de nos rivages
Ils n'apportent pas de leur domaine de hauteur
des forêts soyeuses de plumes de paons,
écarquillant les annonciations
aux carrefours des routes
à l'angle mort des bastions
sur les poudrières des redoutes
pour iriser l'air
fleurir le sang
illuminer les veines caves
faire sonner les cordes des artères.
(...)
Ils ont lutté jusqu'au dernier acte de foi
avant de se laisser consoler
par le vertige.
Un déluge
Dieu dit: Je veux que cette fois tout soit fait avec méthode.
Il ne s'agit pas de chaos; je ne suis pas en colère ; je n'ai jamais été aussi calme.
Il ne s'agit que de bon sens et d'asepsie complète, pour employer leur propre terme.
Un ange à chacun des quatre points cardinaux,
Et un ancien, un vieux de la vieille, pas un nouveau
Qu'on ne vienne pas ensuite me raconter qu'on s'est laissé attendrir par des spectacles à la Michel-Ange
Je veux à ces endroits là quatre types solides à qui on ne la fait pas
Des durs; et en tenue de combat.
Le coeur cerf
Il s'ennuie comme toutes les sentinelles.
Il est adossé au mur, plié dans ses ailes; le sabre au clair pointe au-dessus de ses épaules.
On sent bien qu'il doit fumer en cachettes de petites cigarettes vite roulées vite léchées.
(...)
On a pendu de chaque côté de sa belle tête gonflée de sang des pendeloques d'humérus, de radius, de cubitus avec au bout de petits floquets de mains roses assez belles de forme.
Mais le pouce de ses mains était opposable aux autres doigts...
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