Poésie, symbolique du monde, les quatre éléments, contes, écoute, accompagnement, musique
Par Viviane Lamarlère
L’origine de l’eau ?
Si vous voulez bien vous asseoir, je m’en vais vous la raconter…
Il était une fois…
Chuut… les enfants, il était une fois….
En cette époque-là, les Dieux n’avaient pas encore inventé l’eau
Ils avaient inventé le dromadaire qui se passe d’eau,
le cactus qui n’en boit jamais
et le caillou qui observe sans indifférence.
Mais pas l’eau.
Il vivait dans cette contrée sauvage une jeune fille nommée … hé bien je ne saurais vous le dire car elle était si transparente que nul n’aurait pu se raccrocher à ces infimes détails du visage ou des postures qui permettent de nommer les êtres.
Elle était très gentille, comment un être si transparent ne le serait-il pas ? Se contentant de peu, comme les plantes qui poussent dans le désert. D’ailleurs, elle ne se nourrissait que de sable.
Un esprit malin qui, lui, voyait au-delà des transparences, passait son temps le plus clair à l’agacer.
Un jour où elle cueille une plante grasse en se disant que cela va améliorer son ordinaire, l’esprit la bouscule, fait tomber la plante qui est vite vite engloutie par une chèvre. Mais notre amie ne lui en veut pas, elle est si douce et aimable, elle s’en réjouit pour la chèvre.
Contente aurait pu être son nom, oui, contente.
Le lendemain, elle trouve un buisson épineux, et en cueille quelques rameaux pour se faire un toit, vous imaginez l’humilité dont il faut être capable pour dormir sous de simples épineux ? L’esprit se transforme en âne et vient les lui brouter dans la main. Et elle s’en réjouit pour lui. Contente aurait pu être son nom, oui, Contente. Qu’en pensez -vous ?
Le surlendemain, alors qu’elle se promène sans bousculer personne car elle voit les autres, même si on ne la voit pas, elle rencontre un cortège de chameaux ensablés dans les dunes.
Comme ils souffrent tous ces animaux enfoncés jusqu’aux genoux et qui tentent d’échapper au grand appétit des sables mouvants. La peine dans le regard des bêtes lui fait peine, grand -peine.
Alors…De ses mains elle creuse, creuse, pour écarter le sable et libérer les bêtes. Une à une elles repartent, non sans avoir dit merci car, sous des dehors bougons, les dromadaires sont bêtes très polies.
Cela fait comme un grand lit de pierres et de sable dans lequel à la fin, une fois la caravane fondue dans le fruit bien mûr de l’horizon elle se couche, transparente de fatigue. Contente de sa journée.
Hélas, vous devinez déjà, vous devinez toujours, à quoi sert-il que je raconte des histoires si vous en devinez la presque fin ? Oui, le génie passait par là et, n’ayant rien de mieux à faire pour l’ heure, lui donne un grand coup de pied.
C’en est trop pour elle,et pour la première fois de sa vie elle se rebiffe, et sa colère jaillit, transparente et liquide comme le feu qui va tout dévorer sur son passage.Une grande, une immense colère, de celles qui s’accumulent pendant des mois et des mois, vous rongent sournoisement le cœur et l’estomac, vous rendent transparent, oui, ces colères sourdes comme des sources qui ne demandent qu’à jaillir.
Liquide mais froide, car elle ne sait pas se mettre en colère au point ou le font les volcans ou même certains êtres vivants chez qui le sang remonte à la surface de la peau.
L’esprit malin est bien embêté,
son tempérament sec et méchant ne s’accommode pas du tout,
mais pas du tout
de ces liquidités très froides.
En plus il ne sait pas nager
et la colère l’emporte, loin loin,
jusqu’à le cogner
sur un flanc de montagne,
y creuser
un trou et le laisser
là
porté disparu
sous quelques éboulis
bien fait pour lui.
Et elle se découvre si heureuse de couler, si heureuse de sa condition toute neuve que depuis elle ne cesse de couler. Enfin, tant qu’on ne l’épuise pas à lui rendre sa transparence première.
Contents ?
Une autre, demain.
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