Poésie, symbolique du monde, les quatre éléments, contes, écoute, accompagnement, musique
Par Viviane Lamarlère
Les mats les beaux voiliers
tendus comme un désir de fleuves
lorsque j'étais enfant bouche contre la vitre
je vous ai enfourché l'âme grise et coeur gros
Pas de vagues dans mes rêves
déchirant le clin-foc ou culbutant la poupe
pas de bestiaire fou surgis d’étranges ciels
les fièvres qui n'ont pas de bords à force de gonfler les chairs
je ne les savais pas
Juste ces grands bateaux flottant sur l’invisible
Tout à tour marin ou capitaine
je vivais ces moments comme une liturgie
de la terre dans mon dos je ne retenais rien
à peine un point dans l’eau froide
et
enfermant mes yeux
l'idée de grains brillants portés à bout de bras quand j’ouvrais l’océan.
J’imaginais la vie au quart des officiers
les coffres pleins d’adieux qu’on picorait le soir à la lueur des chandelles
le second qui battait la semelle dans la cabine voisine
le regard disponible et tout près du vertige de celui qui veillait là haut dans sa nacelle
au plus près des étoiles
Quelque chose me mordait alors
dont l’étreinte s'embrasait lentement
une nostalgie à l’envers de pays inconnus
les chemins qu'on porte goutte à goutte vers sa propre rencontre
Une angoisse sourde de tout ce que je ne pourrais pas dire
toute cette eaucéane que mes yeux retenaient
toute cette écume en colère derrière les mâchoires
quelque chose me mordait
qui n’est jamais parti
il en reste des croûtes
Je ne serais sauvée qu’à la seule condition
d'accepter de mourir
de me rendre à l'air noir
à l'absence
et au vide
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