Poésie, symbolique du monde, les quatre éléments, contes, écoute, accompagnement, musique
Par Viviane Lamarlère
Avant que l'homme ne précipite le désordre, il était éternel. Vrai de vrai.
Le pays que ceint aujourd'hui la Grande Muraille était peuplé d'hommes sages, lents, dont les actes étaient éclairés par la course de la Lune autour de la Terre et pesés aux réponses du sable s'écoulant entre les doigts.
La Nature leur rendait cette sagesse en leur offrant juste récompense à leurs désirs et besoins.
Mais un jour vint où, comme pris de folie, au lieu de se satisfaire de cet échange, ils se mirent à déchirer la Nature sans se soucier de ses larmes.
Alors, Nature qui est maitresse de toute chose et compte bien le rester, se mit en colère. Elle se saisit de l'un d'eux qui courait d'un déboisement sauvage au détournement d'une rivière.
-Pourquoi vas-tu si vite? Comptes-tu pour finir posséder le temps en plus de dévaster l'espace?
-Pourquoi pas? Je commence déjà à soumettre les arbres et les animaux, alors le temps..question de temps.
-Regarde tes pieds, coureur de vanités, regarde-les bien! Quelle taille est la leur?
-Bien assez grands pour parcourir la route qui me mène de ce champ que je brule à cette colline que je rase.
-Non. Aussi petits que la distance qui sépare ces deux plants que tu as mis en Terre, hier, sans attention ni tendresse pour le rythme qui est le leur et leur besoin de place où s'enraciner. L'un d'eux est déjà en train de mourir pour laisser vivre l'autre....
-Et alors? Il 'en restera un.
-Tu n'auras pas le temps de le voir fleurir.
Tu es trop léger, décidément, Homme -qui- court.
Sache désormais et pour tous tes enfants et les enfants de leurs enfants que " De l'arbre en fleur à l'arbre mort, il n' y a que la distance d'un pied..."
Depuis, l'homme ne sait plus le goût de l'éternité
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