Poésie, symbolique du monde, les quatre éléments, contes, écoute, accompagnement, musique
Par Viviane Lamarlère
En cet an de grace 8005, alors que mes piles s’apprêtent à rendre l’âme, je jette à l’océan intergalactique cette bouteille.
Toi qui l’as recueillie, assieds -toi avant de te plonger dans le récit qui va suivre.
Je suis le dernier survivant d’une époque.
Ce qui reste de l’homme d’avant ... Le peu qu’il reste
Assieds toi.
Je vais mourir et cela me rassure.
Je me sens aujourd’hui comme ces enfants sans visages, dont la bouche est un grand cri ouvert sur leur néant, et qui se sont arrêtés de grandir autour de ce cri.
Je viens de loin, très loin dans le temps et dans l’espace, et j’allais loin,
là où se courbe l'aventure,
là où les oiseaux sont médiateurs de lumière dans les paysages
désolés comme la mer qu'un vent cravache
à écorcher tous les embruns
à incendier les eaux, l'écaille
multiple et bavardeuse qu'ensoleillémaille.
Né de cette planète que vous appeliez bleue, bleue comme les meurtrissures sur les peaux trop tendres ou trop madrées, bleue comme le morose dans les journées de pluie, bleue comme l’espérance d’être enfin comprise.
Nous n’avions pas compris la terre. Sourds aux cris de sa peau, aveugles à ses rides et affaissements, nous n’avions pas compris à quel point elle était rongée d’un cancer profond qui s’appelait technologie et communication. Elle commença à se révolter avec les moyens qui étaient les siens : sécheresse, inondations, brusqueries climatiques qui laissaient les populations démunies, les chercheurs et prophètes isolés et les politiques encore plus sûrs d’eux-mêmes.
Puis la contagion s’étendit aux objets de tous les jours et enfin aux hommes....
Un jour, usant du prodigieux outil de communication qu’était devenu l’hypernet et grâce à l’heureux hasard d’une brêche informatique, mes ancêtres sont entrés en contact avec les habitants d’autres galaxie, passés par les mêmes étapes et erreurs que les terriens.
Mais il faut que je prenne le temps de vous décrire ce monde où je vivais et ceux que j’ai traversés jusqu’à cette dixième planète où j’attends, ayant enfin trouvé ce que je cherchais, que je lance au hasard.
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