Poésie, symbolique du monde, les quatre éléments, contes, écoute, accompagnement, musique
Par Viviane Lamarlère
Il est des livres dont, en les ouvrant
de la première touche de couleur à la dernière lettre
on sait qu'on se trouve en pays connu et pourtant à voyager encore.
Un Ami m'a offert il y a quelques jours un livre délicieux écrit par l'un de ses amis illustrateur et écrivain
un livre qui fait tomber en enfance dans le sens où l'on tombe amoureux
c'est à dire où l'on s'élève vers l'autre
à travers l'autre
pour l'autre.
" Le Voyage de Myra" de Pat Thiébaut est la quête pleine de joie et de couleurs d'une toute petite fille
à laquelle le papa jardinier et mourant confie comme seul héritage
un noyau. Mais pas n'importe quel noyau de n'importe quel fruit de n'importe quel arbre! un noyau d'un arbre lointain et très important.
Un noyau à planter dans une terre accueillante et fertile
un noyau en jardin qui donnerait naissance
aux jardins qui se cachent à l'intérieur des fruits.
Myra va s'en aller, déchirer les pays qui s'offrent sous ses pas
traverser le sec, le sable, le désert
puis les forêts pluvieuses d'une rosée apaisante
sans jamais perdre espoir, sans y perdre son âme
ni surtout son émerveillement.
Je n'en dirai pas plus.
On se doute qu'elle va trouver un jour cette terre aimable où poser à la fois sa jeune vie et la graine léguée
et pourtant la phrase qui se déroule en longues arabesques laisse
à chaque fin de page
inquiétude planer.
Ce qui frappe d'emblée dans ce livre pour "enfants " grands et petits est la rythmique et le legato des couleurs.
En particulier, les ciels bleus, si difficiles à réaliser, et où la tentation de l'uniformité est tout autant un piège que celle du contraste brutal entre bleu et nuages. Ici le bleu est comme habité de gouttes diffuses dont on sent qu'elles vont se ramasser, s'unir, donner un quelque chose à venir.
La première page est un régal d'équilibre entre l'ombre très subtile de la chambre, le vert vibrant et droit de la nature éternelle derrière la fenêtre, l'ocre-doré de cette fin de jour éclairant une vie s'en va, le contrepoint papillon blanc de l'âme du père jardinier s'apprêtant à quitter ce monde
et ce tableau d'un arbre au-dessus du lit
ouvert comme une porte pour traverser le livre
... on devine que l'on entre dans un conte initiatique.
Les pages qui suivront nous emmènent à loisir
( mais on imagine l'immense travail de réflexion qui a été mené sur l'impact des couleurs)
dans des mondes univoques
ou bien
des univers de contrastes
sans que jamais la violence ne vienne nous chaffouiner.
Une page verte et d'or
pleine de fraîcheur et d'espérance
et toujours ces papillons qui suivent pour guider
La mise en page est belle
avec ce papillon qui volète d'une page à l'autre
encadrant l'histoire
sur la gauche d'un bleu azuréen
sur la droite d'un beau pourpre
fil de vie et d'ailes
survolant les champs et les fleurs du trèfle
dans des dessins qui sont d'une légèreté épurée
Je vous conseille pour petits et grands cette histoire qui parle au profond de soi
je veux dire qui parle à ce qui n'a plus de nom depuis longtemps
mais les cherche et les retrouve sous une plume et un pinceau d'artiste
qui parle les quêtes oubliées
les départs sans regrets vers les métamorphoses.
On peut trouver ce livre délicieux aux éditions COPRUR
et puis d'autres ouvrages illustrés par Pat Thiébaut sur Amazon
Ce monde a besoin de rêves et de livres qui réconcilient avec cette part de nous injustement oubliée... Alors osons nous offrir ou offrir à d'autres ces plaisirs minuscules qui donnent joie à l'âme!
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