Poésie, symbolique du monde, les quatre éléments, contes, écoute, accompagnement, musique

Les hier bleus de l'ombre



Il n’y eut qu’une fois
étrange et belle

 Lumière de septembre
aucune déchirure n'en menaçait la brise tiède

Je me suis endormie
dans le tintement lumineux des vagues
et je fus tour à tour le bateau et l’oiseau
s’accomplissant au loin dans leurs ailes mêlées

Comment poursuivre un rêve dans ce bercement des eaux
qui le distrait de ses images ?

Comment faire qu'il ne soit que rêve ?

Deux mots
alors que le corps s’enfonce dans le moule du sable encore humide
deux mots pour dire l'infime différence entre la sécheresse et la nuit
obsidienne et léger
deux mots
encore trop
 
Au soleil allongée
lenteur sur le visage
épaules reins glacés
remontaient dans ma chair des sensations aussi précises et vastes
que la douleur d’une plante en bord de mer
quand l’épine qui la tire au jour s’évase sous le pas
et lui offre la fleur des brûlis souterrains

Claire sombre à la fois
ai-je entendu de peau
qu’on ne peut couronner un seul versant des choses ?

Claire sombre dissoute
ai-je entendu de peau
la voix de ce qui vient?

Des hier bleus de l’ombre
il n’y avait rien à comprendre
mais tout à éprouver
jamais je n’oublierais le
froid contre mon dos


Claude Debussy, la Mer, 1er Mouvement


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M
<br /> <br /> Laisser ce temps de glissement grandir en soi ...<br /> <br /> <br /> <br />
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R
<br /> <br /> Tout à fait, retrouver la lenteur, l'ombre, le bleu profond qui germe sous la terre;<br /> <br /> <br /> <br />
V
Sensation très précise, et que l'on partage pour l'avoir connue. Mais  quant à se sentir "plante"... Il faut rester immobile très longtemps, dans le grand silence de ... comme tu dis... la solitude.
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R
<br /> Oui, Valentine, jusqu'à devenir immobile et pourtant croissante<br /> je t'embrasse et file au jardin planter des pavots (sourire)<br /> Merlin m'en a donné idée avec ses belles photos<br /> c'est une fleur magique...<br /> <br /> <br />
E
je ne sais pas commenter la poésie, je me laisse bercer par la musique de tes mots, si belle... Emma
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R
<br /> Merci beaucoup Emma, rassure toi, je ne sais pas non plus commenter la poésie<br /> juste dire que j'ai aimé et suis là<br /> <br /> <br />
O
Que tu l'ai illustré par "La mer' ne m'étonne pasMerveuilleux bercement des mots, des sensations, des images.Je t'embrasse
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R
Merci Juliette, c'est une musique d'apaisement par excellenceje t'embrasse aussi et de joyeuses fêtes.
L
Je recherche depuis quelques temps un écrit de Musset je crois mais je n'en suis plus très sûre où il disait : la peau est un langage...<br /> Je crois vraiment que notre peau dit quelque chose de notre état intérieur, de notre douceur ou de notre sécheresse...<br /> <br /> J'aime beaucoup ton poème, Viviane, et ce titre aussi "les hier bleus de l'ombre" qui évoque "les bleus de l'âme"... <br /> <br /> Très bonne fin d'année,<br /> Je t'embrasse
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R
Je ne connais pas trop Musset, par contre j'avais lu il y a des années un mémoire de psychiatrie sur la peau et ses écrits, les maladies de peau traduisant souvent un conflit entre soi et dehors. J'essaierai de retrouver. Contente que tu aies aimé, Lydia, ta visite est toujours plaisir..BOnnes fêtes aussi à toi et des baisers qui s'envolent.