Poésie, symbolique du monde, les quatre éléments, contes, écoute, accompagnement, musique

Musique, Peinture, Poésie, Penser *57* Haendel - 2/5



Haendel ou la soif de soleil...



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                                                                         Toile de Claude Lorrain


Peu d'entre nous échappent au vertige du voyage, d'une route qui s'ouvre droit devant avec ses soleils plus roux, forêts plus sombres, peuples plus accueillants aux coutumes plus douces. Quel leurre souvent!
Tellement plus difficile de rester attaché à un sol, l'aimer et y plonger ses mains et son âme pour y mûrir des fruits.
Mais ce mirage peut parfois être une mine d'or.

Si en Allemagne Haendel s'est forgé à la dure école du choral et du contrepoint, en Italie, il va découvrir des formes souriantes: le concerto, la sonate, l'aria da capo.
Son séjour, à l'instigation du prince Jean-Gaston de Médicis, le mène dans les centres musicaux les plus en pointe de ces temps là: Florence, Rome, Venise, Naples... Ses ambitions sont plus élevées que celles de l'exotisme. Il est question pour lui de conquérir l'Italie et pourtant son bagage est léger: quelques sonates et un opéra.

Mais il veut être le roi, à l'instar de ce David jouant de la harpe:



Celesti-roi-david.png

Ses rencontres sont merveilleuses, fulgurantes, stimulantes. Ce ne sont que concours de clavecin ou d'orgue avec des grands noms reconnus de leur temps comme Scarlatti ou Marcello.

L'air que l'on respire modifie-t-il le métabolisme de l'âme et du coeur? Voici notre jeune Haendel qui digère tout Vivaldi, Scarlatti père et fils, Paquini et j'en passe.
Son oratorio La Resurrezione est dirigé lors de sa création en avril 1708 par le grand Corelli lui-même. Haendel, protestant de naissance, est sous le charme d'une religion catholique qui lui offre pour librettistes maints cardinaux en vue. Mais il ne se convertira jamais, en dépit des pressions multiples de la part de ses nouveaux et très admiratifs amis.

Je vous propose pour entamer cette promenade italienne l'introduction du Dixit Dominus. On y trouve déjà le goût du compositeur, qui ne cessera de s'affirmer par la suite, pour les grands choeurs équilibrés, une virtuosité vocale pleine de sens et même de sensualité ainsi qu'une partie orchestrale toute chantante elle aussi. N'entendez-vous pas le plaisir manifeste que prend Haendel à faire se succéder ou juxtaposer les voix par glissement de demi-tons en demi tons, en frottements audacieux et pourtants suaves?

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Dedale-et-icare.jpg
                                       
Dédale et Icare,  Toile de Laurent Pécheux

 
On connait peu de choses sur la vie privée de Haendel, si ce n'est que sa santé fut gravement entachée par le goût pour la bonne chère et le bon vin. Il eut cependant un amour retenu par l'histoire ( et encore, amour sujet à caution...)  en la personne de la jeune cantatrice Victoria Tarquini surnommée La Bombace, tout le monde comprendra!

La vérité relève sans doute d'une confusion entre deux Tarquini et toutes deux chanteuses.

Hélas pour notre jeune génie, celle qui était officiellement incriminée était par ailleurs la maîtresse du puissant Prince Ferdinand de Médicis.

Et c'est un cardinal qui va délivrer son pensum au compositeur, faute de quoi ses appuis pourraient bien fondre comme cire au soleil: composer une oeuvre édificatrice sur les êtres qui se brûlent les ailes, à savoir une cantate autour du mythe d'Icare.

L'histoire ne dit pas la suite de la romance, mais la cantate est fort belle, joyeuse même pour une histoire aussi tragique... Elle porte le numéro 170 au catalogue et je vous en offre deux extraits qui donnent idée de l'art du chant en ces temps là, tout suivant la ligne du texte, souple, ornée, sans effets de puissance gratuits et consacrant un retour en force d'un instrument oublié, la flute à bec avec laquelle la voix dialogue souvent. La voix toute poétique de Maria Bayo se prête charnellement à ces échanges sans appuis ni forçage:

A travers les flammes...

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Je vole dans l'air

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                                         Enlèvement de Proserpine, le Bernin


De ce séjour Italien Haendel retire qu'il n'a aucune raison d'ajourner ses ambitions. Il prend à bras le corps cette musique italienne dont la beauté se soumet à sa force de travail. Est-il peu de dire que la musique italienne se laisse faire avec délice? Et qu'à un âge où ses confrères " galèrent " pour reprendre un terme d'aujourd'hui, lui est consacré, à 22 ans, musicien de cour! Entre concerts privés ou publics, joutes musicales toutes amicales et escarmouches amoureuses, il se construit une aura qui commence à intéresser sa patrie natale...

Il sera bientôt temps pour lui de revenir en Allemagne, mais auparavant, il explore la forme sonate, si peu jouée dans les pays du Nord de l'Europe. Pour terminer ce parcours, voici donc
une sonate en trio pour flute, violon et basse continue (clavecin et violoncelle) la sonate n° 1 opus 2 en si mineur, d'une immense mélancolie dans son premier mouvement, je vous en offre la version intégrale en quatre mouvements:
 
Premier mouvement- Largo

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Deuxième mouvement-Allegro ma non troppo

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Troisième mouvement-Andante

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Quatrième mouvement-Allegro sur rythme de gigue



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M
<br /> <br /> Tu nous fais tant de beaux cadeaux qu'on ne sait comment te remercier...<br /> <br /> <br /> <br />
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R
<br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Simplement en disant, comme tu le fais, que tu as aimé ;o) merci Marlou!<br /> <br /> <br /> <br />
U
<br /> <br /> En venant chez toi Viviane on entre dans un monde de beauté et d'érudition festive ! Merci <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> PS Je me rappelle avoir vu le tableau de Lorrain au Louvre <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
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R
<br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Merci à toi Ulysse, Lorrain est malheureusement mal connu, c'est dommage.  A ce soir pour le plaisir de te lire<br /> car je suis de famille pour dix jours et mon temps est compté ;o)))<br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> <br /> Impressionnant ce détail de L’enlèvement de Proserpine… le "noir et blanc" se révèle jeu<br /> d’ombres et de lumières et c’est bien du gris…<br /> <br /> <br /> <br /> <br />
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R
<br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Tu as raison, j'ai infiniment aimé cette photo qui donne le sentiment de la vie mais comme souvent, le npoir et blanc<br /> est plus suggestif que la couleur... Merci Miche;<br /> <br /> <br /> <br />
V
<br /> <br /> Bravo pour cette présentation pleine de ferveur et ces enregistrements riches et variés ! J'ai beaucoup aimé en effet le 1er mouvement de la sonate de<br /> flûte.<br /> <br /> <br /> <br />
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R
<br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Elle est magnifique... Merci Valentine<br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> <br /> J'apprécie particulièrement l'introduction du Dixit Dominus. Mon attirance pour le chant choral...  Merci pour tes beaux et intéressants articles.<br /> <br /> <br /> <br />
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R
<br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Comme je te comprends... Chanter à plusieurs, c'est vraiment une oeuvre exaltante! Bisous Mony<br /> <br /> <br /> <br />