Poésie, symbolique du monde, les quatre éléments, contes, écoute, accompagnement, musique
Dès l'aube
nous sentions le poids d'un jour à crainte du soir
Peut-être cet orage serait-il pur à quelqu'un?
Dans ma chair
pour se dire
la ronce a trouvé refuge
Déjà son cri s'éteint qui noircissait ma bouche
de tout ce qui se tait entre souche et soleil
Ces mots-là étaient verts
rampants ou terrifiés en dicotylédones
ils suggéraient peut-être l'issue des barbelés
la douleur du talus dont j'arrache les lampes
le dos de mon chemin de plus en plus bossu
qui croise en l'ignorant les pas larges du temps
et la nuit qui surprend
toujours au
même endroit
plus serré que les autres
Et je n'en ai rien su tant cela fut vite dit
Sur les berges enflées de l'unique caresse
un incendie mineur
écriture première
L'été n'est plus notre saison heureuse
Rongé de bêtes folles et sans scrupules
il s'est rangé dans la serre
il attend que tombent les croûtes.
Pas de nouvelles de lui
ni du vent ni du temps
Assises derrière nous
les amours ont perdu leurs
plumes
Lorsque je fais le tour des chagrins officiels
sous la raideur qui sied aux plantes classées trop vite
je découvre des forces qui s'effondrent
Même l'heure est paillasson
Quelques fleurs plus tôt que d'autres ont déposé les armes
un code souterrain aura su les convaincre
de retenir la sève
J'en vois bien qui essaient de rincer dans les flaques
la mort au brun compact
ou bien de remplir d'eau leurs taches de vieillesse
cette machine à détails qui atteint toute peau
Le mieux en cette vie n'est-il pas
de s'abandonner?
Pourtant
dans la fraîcheur du soir
le ciel s'aube à la pierre et de goûter le vin
Plus lents les bruits
plus sourds les gestes ouvrant
d’ombre
un temple muet tombant des arbres
Paroles étirées
comme des berges sombres
Sous la buée de lune
la nuit
n'a de nom que remuée.
Un silence si pur en ces débuts d' automne
nous n'avions pas de nom pour tant d'intensité
Le bleu du ciel tout proche
d'une couleur profonde à nous serrer le coeur
et nos mains se tenant
heureuses comme un crime
au septembre du vent
Tant d'éphémère entre les branches et tant de gravité
dans ce rai de lumière qui éclairait nos âges
et séparait l'enfant grandi dans nos ivraies
Ô ne briser jamais
cette lueur
qui nous touchait pour vivre
L'ombre de quelques arbres
est la dernière fleur de cet été sans eau.
Et nous
vivant à poings fermés
pour des idées qui dansent et se moquent
!
Si tôt
vieillies les herbes
hautes déjà
sèches et presque cassantes
traversant par endroits la résille des grilles
étayant son bandeau lâche le long du parc.
Dans les fossés poussent des
formes
étranges à celle que j'étais
penchée sur l'eau épaisse et
noire.
Quelques plantes plus basses
pour habiter l'espace
qui veut la main, le pas, le temps qui passe.
Il y a dans la lumière quelque chose qui semble
arrêté pour toujours dans le métal des trembles
et quand entre les futs apparaît la
maison
c'est un signe venu pour taire d'autres ombres.
On dirait que l'enfance vient de se relever
de ses rêves de foins
et rit un peu
au loin.
Une nuit pour flétrir la sève suspendue
poser sur les buissons le lait d'un autre temps
laver l'odeur si haute des dernières pailles
J'arrive
doigts ridés
dans un jardin ficelle
que portent à grand peine les arbres cuivrés
Où sont les jabots noirs glissant de nids légers
et leurs poussins tout crus venus des jours de bois?
Une nuit
ma maison est toute pleine d'angles
calme comme une hâche
Depuis des jours s'empilaient leurs formes changeantes
qu'un coup de vent
parfois
ouvrait
comme un tiroir.
Le ciel est enfin lavé de ses nuages traînant
au vu de tous
leurs intentions secrètes.
Et j'ai passé des heures dans mon jardin
à recouvrir de paix les ulcères
que le temps creuse
ou la pluie.
Du grésil est tombé
venu comme une rumeur
de ces coins d'ombre où chacun se cache
et le regard le plus pur se corrompt.
J'ai peur
petit peu
de tomber.
Sous les feuilles que j'écarte
mille plantes nomades
sans faiblir éloignées du pied mère
sorties d'enfance
Je n'insisterai plus
pour voir plus loin que mon talus
endormi dans ses herbes de grâce
Je n'insisterai pas
pour ranimer d'autres flammes
que celles de ces fleurs dont la fuite est promesse
et si douce l'absence
autour
comme un manteau
La terre est devenue rêche
je n'y sens plus l'espoir des mois passés
lorsque se préparaient au loin les pluies qui bêchent
je n'entends plus que la mélodie
des petites choses blessées.
Je suis si souvent envahie de doutes
que mon jardin peut être noir
d'une seule poignée de terre
Derrière chez nous
un chemin simple s'adosse aux herbes des maisons
qui poussent toutes droites
et drues contre les grilles
Je le guidais souvent en arrachant certaines de ses mauvaises graines
heureuses de me défier elles repoussaient plus haut
Parfois l'ombre d'un peu de peur
m'y offrait un abri
et lorsque je cueillais les blanches pierres
pour les poser le long de mon sentier fleuri
leur grain râpeux disait:
"Qui es-tu pour prétendre
quand la lenteur des fleurs déchire ma lenteur? "
Ces mots me tissaient.
Aujourd'hui la lumière, le silence, l'herbe jaunie et rase
effleurent mes souvenirs
et rien ne se déchire
et rien ne se prétend
Englouti se tient ici debout
dans l'eau des peurs qui s'apprécient
Il a gelé la nuit dernière
les caténaires ont retenti
de ce bruit d’os brisé
qui éventre la chair
de l’hiver
J'aimais ce rude hiver si différent des autres
son ciel pâle acharné
le froid qui éteignait les plis de mon jardin
Lorsque le ciel boitait sous les assauts du vent
mes paroles usées ne pesaient plus l'absence
d'aube ni l'or du couchant
Je ne désirais rien que cet ardent silence
l'abandon qui montait de la blancheur vivante
un monde pas plus loin que la plus haute
branche
Non pas le lent humide et ses voix d'eaux rusées
ni le vent comme un roc
Non pas l’ivre blizzard
qui gerce les chemins sous les cris de
l'harfang
Non pas l’hésitation des bises sans royaume
évanouies dans l’extase du tout premier
soleil
Mais un froid précis sec
né à l'impératif
le ciel
bleu
à la bouche
La bête usée des mauvais jours se couche
combats bleus sur le flanc
son museau que mordaient nos rires
s'endort au serpent des
racines
et le couteau des ombres
planté loin de ses pattes velues
La bête usée des mauvais jours repose
le ciel est froid si longuement
si tendrement gelée l’herbe dans mon
jardin
qu’il semblerait
soudain
que tout peut
s’accomplir
Une mésange bleue s’est posé ce matin au bord de ma fenêtre
restée longtemps
longtemps
et je l'ai prise ainsi
on dirait qu’elle dort dans tous ses mouvements
Dans le creux de mes mains
le bec qui se défend
ailes froissées le cœur
si rapide sous le plumage
et ces yeux si brillants
profonds comme des puits
étranges et importants
La lumière, la brise
charmante, légères
nomment chaque matin
les incidents de mon jardin
Une flambée de fleurs sauvages
quelques rondins de bois offerts
à la paresse du soleil
le tremblement des hautes herbes
le nid tombé
son oeuf brisé pour embellir
le bruit sans remords des abeilles
Ici, les questions sont des
prés
simples enchevêtrées
ce serait les trahir
que d'y répondre
Le Soleil ce matin se prend pour un peut-être.
La sagesse commande d'attendre encore un peu
avant d'y voir plus clair.
Aucune de ses lettres
ne doit venir gâcher
les petits miracles cachés
soustraits à la réalité.
Je la sens bien fouillant de tous ses passe-droit
cette blancheur de linge étendue au pays
elle en presse les bords
fait affleurer parfois quelque tragique pointe
les plinthes d'un grand corps
aux vertèbres d'acier
des rivages de voix qui ne font que passer.
Pourvu que rien ne coïncide
que les rayons infants décident de laisser au vestiaire leur course
ou bien de la changer contre une vie moins prévisible que celle de toute roue.
Il semblerait que j'ai été exaucée
le Soleil ce matin se prend pour un peut-être.
C'en est au point ou me cherchant
je ne parviens à me trouver!
Sous l'herbe qui se lève
la puanteur d'une ombre
le juste ça d'une nuque brisée
Mon trait joyeux dans un été brusquement vide
ta plume éparpillée en feuillage de sable
ton regard dénoué de toutes ses hantises
le col que ne caresse un frisson de
hauts vents
m'accueillent en leur temps
qui est d'un autre
feu
M'oiseau
mon sans savoir
mon instant déployé en d'innombrables branches
ma sève
d'espérance
je contemple le trou de ta pauvre blessure
sous les croix d'un soleil
aussi désert que
froid
Le vent se tait. Il désapprouve.
Serais-je trop pressée
de tenir dans ma main une terre qui me ressemble ?
Hier, j'ai ramassé mille cailloux blancs
en ai bordé le talus
son sentier qui se creuse.
Ce travail lent et répétitif m'a apaisée quelques heures.
Rien d'industriel dans ces formes blanches irrégulières
mais un témoignage de bête qui marque son territoire
Puis j'ai retourné la
terre
et découvert le grain.
Est-ce ainsi l'univers ?
Reposant tout entier dans son germe
qui se repose en lui?
Mon ignorance m'ouvre toujours à la bonne page...