Poésie, symbolique du monde, les quatre éléments, contes, écoute, accompagnement, musique

Du plaisir de l'ennui - 2

 



On m’a offert un ennui
il est bien aimable

Au début je ne savais trop qu’en faire
je l’ai posé sur la  table
de nuit

Il est discret
pas très facheux
sans grands besoins
je ne sais à ce jour de quoi il se nourrit
quand il s’approche de moi c’est par saccades minuscules dont je ne prends conscience que loin après
très loin après m'être glissée dans ce sfumato qui rend les choses proprement incompréhensibles

Il ne fait pas de bruit
à son contact j’ai un peu appris à moduler les miens
il suffit qu’il s’approche de mes tempes pour que s’enfuient tous mes calculs
et que rappliquent mes énigmes
dans le désordre le plus atonal

ll a le don de transformer les ondes courtes en grands battements inégaux qui se raccrochent aux moindres particules en suspension dans l'air
comme si c'était pour eux une question de survie
lui aussi un rien peut le briser
à ce qu’on m’a dit en me remettant le colis
j’en prends soin

Quand il est là je me laisse flotter au ras de mes pensées
au bord de la dérive  je ne sais pas nager
ce sont des pensées ridicules
mais qui m'occupent
les mots ont-ils une forme par exemple c'est aussi bête que cela
une forme autre que celle de ce bruit qui sort de ma bouche
ou se pose sur la feuille
la réalité est-elle en dessus en dessous de cet entre-deux
qui me porte
ou bien habite-t-elle une couche infiniment plus mince que celle où je me laisse bercer ?
 
On m’a offert un ennui
j’ai manqué l’appeler Zantrie
parce que ça sonne
finalement je l’ai appelé Zir
parce que ça sonne aussi
 
Mai 2006
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