Nous laissons à regret derrière nous la belle anse des Ebihens. pour emprunter quelques temps une route à l'intérieur des terres. Elle nous arrache aux rythme éternel du sac et du ressac, défait ces liens de goémond qui nous reliaient aux origines. Le ciel est comme nous l'aimons: imprévisible et parant l'eau de nuances chatoyantes et uniques.
Bientôt s'étend devant nous une ville qui nous semble immense. Nous manquons d'ailleurs faire demi-tour devant la foule qui entre et sort comme abeilles d'une ruche encombrée. A croire que l'humain ne se pense que dans la forme citadine!
Et dire que cette ville était ville de corsaires! Mais où sont donc les beaux et grands voiliers?
On a souvent raison de refuser de céder au premier mouvement. Car une fois à l'intérieur de la citadelle de Saint-Malo, tout se calme soudain. Et nous avons bien conscience qu'une seule après midi pour faire un tour de la ville sera trop court tant il est de richesses architecturales qui se découvrent à chaque pas, comme cette belle demeure un peu retirée . Elle fait partie de ces nombreuses maisons qui -dit-on- accueillirent la Duchesse Anne:
Le ciel chauffé à blanc nous fait tourner la tête, à moins que ce ne soit la houle qui cambre les ruelles et les murs?
Ici, nous avons rendez-vous avec la pierre. Peu de fleurs, peu de verdure et pourtant... Au détour d'une venelle les couleurs rafraîchissantes de quelques fleurs suspendues ou d'un lierre aggripé au mur semblent donner écho au bleu du ciel se reflètant dans l'émeraude des vitrages ou la couleur printanière d'une porte:
Nous allons visiter le musée, très riche, humer les embruns venus du large sur le chemin de ronde des remparts construits au XIIème siècle puis restaurés au XVIIème à la suite d'un incendie.
Respirer en un mot, l'histoire prodigieuse de cette cité jadis appelée Saint-Malo de l'Îsle et dont le passé est rien moins que mouvementé...
Puis l'ombre de la cathédrale Saint-Vincent nous accueille. Ses vitraux projètent sur les murs une palette incroyable de nuances changeant au gré du vent solaire:
Sur le parvis se pavane un oiseau de mer, point effrayé. Un reste de pain fera son contentement, il viendra presque becqueter dans nos paumes:
Un autre bête, moins affamée et d'allure plus soumise, gardienne des ancres et des chaînes referme notre périple dans la ville:
Sur le chemin du retour, je cueillerai quelques fleurs sauvages grandies en bord de mer. La flamme qui les anime nous rappellera jusqu'au soir la splendeur des vitraux, la luminosité des pierres derrière l'apparence sévère des bâtiments. Toute cette beauté qui change même la couleur de l'esprit visiteur...