Poésie, symbolique du monde, les quatre éléments, contes, écoute, accompagnement, musique
Par Viviane Lamarlère
Je déteste le bruit de vos yeux sur mes rides
la suave déférence à ne pas bousculer
mon corps amenuisé déjà au bord du vide
je voudrais reculer
revenir sur mes pas sans effrayer
la rose
attendre que se pose
le temps qui m’est compté
Je n’ai voulu dompter
le chemin qui marchait juste devant mes choix
ma peau est chiffonnée tout autour de ma voix
et mes mains qui savaient creuser le bas du ciel
si vous saviez le miel
qu’elles ont touché parfois
Si vous preniez le temps au lieu de léviter
d’une urgence à une autre
si au lieu d’imiter
vos maîtres à dé-penser
si vous ensemenciez
vos lèvres d’un soleil aussi roux que la nuit
je vous dirais « Et puis… »
Je vous raconterais l’ensérieux qui recouvre
Enfants,
vos Je perdus
je vous raconterais comment un vieux front s’ouvre
et se lissent les plis et s’écartent les chairs et les os et le temps
et les beaux fruits mordus
Je vous dirais surtout de rester dans l’enfance
d'aimer vos contusions
vos plaies et vos brûlures
de caresser toujours les mille façons du corps
Oubliés ces outils qui redressent les chutes
comme vous de mes mains j’ai construit bien des huttes
et déchiré ma peau aux pierres de l’usance
il est si loin ce temps
Je déteste le bruit de vos yeux sur ma vie
c’est un vieux bruit rouillé
juste bon à fouiller
ma grise chevelure
à essorer vos peurs et croire vos envies
Derrière mes paupières par le temps flétries
je ne suis qu’un enfant
mais je sais tant de choses
que vous ne savez plus
il suffirait d'un mot pour que l'enfant reclus
vous offre ses bouquets de mondes enfouis
Ne les enfermez pas aux tristes pellicules
où se fige la vie et brise la mémoire
Fermez un peu les yeux vous ne devez pas voir
ma danse de recule
vers mes joyeux débuts
je veux juste partir sans effrayer la rose
Chic salon © - Hébergé par Overblog