Ravins - Entrevoixnues

Ravins

12.08.2012 …

Par Viviane Lamarlère

Nous vous avalerons sans faim et sans scrupules,
nous vous avalerons
juste pour le plaisir
et nous nous gausserons
des ouches à bâtir
bernées au bord de l’eau par les frères Crapules

Vous n’aurez pas le temps d’alerter vos stratèges,
de faxer vos émois et de timbrer vos peurs,
envoyez l’ascenseur
bons baisers de partout, c’est une autre Genèse

Nous vous la mijotons
cachés dans les nuits bouges

Nous sommes les ravins, on ne connaît de nous
que l’écho turbulent vers le bas des cailloux
nos strates de mémoire et leurs pauvres squelettes
ici un dinosaure à côté d’un Poète...

Parfois nous recrachons les noyaux de travers,
on découvre un bateau une Bible une pomme.
Pourquoi vous questionner sur l’avenir de l’homme
quand il est tout écrit aux feuillets de la terre ?

Nous vous avalerons pour sustenter nos plumes
exploserons les verbes et pour finir boirons
à vos titres posthumes
vos odes frelatés et mensongers plastrons

Nous sommes les ravins les Musées de la Terre
venez tater les muscles qui vous berceront
venez gouter la peau d'un oranger triton
attention à la marche on visite l'Enfer.

Allegro Barbaro de Bela Bartok

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lutin

13/08/2012 12:35

Bel instant dans les entrailles de la terre

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Russalka

14/08/2012 10:27

Je m'étais amusée à composer cela il y a des années en écoutant une Nième et scandaleuse affaire de promotion immobilière ;o)) Mille merci Lutin!

ulysse

12/08/2012 23:03

Moi les ravins j'en fait mon affaire, je mes défie et les avales ! Oui avaleur de ravins voilà ce que je suis !

14/08/2012 10:17

Oh je sais bien qu'il y a des dents de requin au bout de tes doigts de pieds! Je sais que tu ne sais cesser d'avaler les chemins Les monts et les ravins Dis moi Ulysse toi qui fis un beau voyage les ravins sont-ils sages au fond de l'estomac? Ou bien sens tu qu'ils glissent entre tes parois armés de socs et dents comme un vieux charroi? Merci Ulysse de la jolie image inspiratrice!

Joubert

12/08/2012 22:15

Nous connaissons mal notre chance de ne point vivre sur des côtes infestées de requins en tous genres. Beau poème de forme classique, Viviane. J'apprécie tout particulièrement. Amitiés, Joubert

14/08/2012 10:09

Je connais ma chance de vivre dans une région protégée des violences que j'entends ce matin se déployer à Amiens, Toulouse etc...Nous devrons combattre pour empêcher que la France ne devienne ce champ d emines qui se dessine sous les yeux apparemment impuissants des politiques et de leurs concitoyens, toujours placés aux premières loges. Et malheureusement, ceux qui construisent des verrues à grande échelle sur nos côtes ne font qu'aggraver le problème: l'humain n'est pas fait pour s'entasser dans des cages, fussent-elles luxueuses. Merci Joubert.

Valentine :0056:

12/08/2012 17:10

:0023: Superbe, bravo pour les "feuillets de la Terre", les "orangers triton", "attention à la marche", et pour le ton menaçant et grandiose adopté par ces canyons extraordinaires !

14/08/2012 10:04

Merci Valentine, il est sympa de ressortir de vieux textes, cela donne envie de revenir à l'écriture que le jardin et la famille m'obligent chroniquement à délaisser depuis des mois voire des années...

Martine

12/08/2012 12:05

Bonjour Viviane, Quel poème! Magnifique sur cette merveilleuse photo. Je n'ai pas pu entendre la musique . Le lien est inactif. Mais je connais Bartok, alors j'imagine. C'est très beau Viviane. Merci Bon dimanche Martine

14/08/2012 09:59

Merci à toi Martine, c'est un vieux poème, j'adore écrire sur des formes classiques versifiées, mais actuellement le temps me manque ( je suis déjà en train de cogiter mes potées de printemps et d'été prochain ;o)) J'ai remis le lien musical!