Poésie, symbolique du monde, les quatre éléments, contes, écoute, accompagnement, musique
Par Viviane Lamarlère
C’est la route qui nous a dit que nous changions de département.
Un petit bruit différent sous les roues, le macadam moins bien entretenu, des cahots, des fissures, les fossés en bataille...
Et puis dans l’air flottant ces graines égarées qui cherchent un terreau,
le vert bleuté des champs de poireaux et les arbres fruitiers qui n’en finissent pas de regarder les vitres.
Au bout de midi, la maison, ses haies immenses en averses sauvages qui déferlent
leurs rumeurs d’abeilles.
Je ne sais plus le nom des arbustes qui penchent leur ivoire au-dessus du grillage.
C’est tout empli de fleurs et de silence.
Les volets sont fermés, sauf ceux de l’entrée, c’est ainsi : elle vit dans le noir.
Petit à petit elle se déleste de la lumière comme si elle avait peur d’entrer dans l’émotion trop bavarde des couleurs
Sa peau est celle des vieilles personnes pétale de rose ancienne,
la table est mise,
belle
comme elle a toujours su.
Deux lampes repoussent la nuit en plein jour
il fait si sombre ici
comment peut-elle vivre dans cette nuit permanente?
Je la regarde vivre
si lente maintenant
ses petits pas précautionneux des obstacles
elle a si peu de visites et tant envie de se dire
se plaint de cette douleur qui s'enlise,
prête à exploser la tempe souvent.
Ecoute
tendresse
au moment de partir elle ralentit imperceptiblement le temps
me cherche dans la remise un potage pour ce soir
des pots de confiture un vieux livre qu'elle avait aimé
que nous poursuivions le partage au - delà du portail refermé
elle va rester seule
quelque chose court
là
au milieu du grand corps de la maison
la traverse
me traverse
plinthe équatoriale
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