Chercheur dort

En souvenir d'un homme rencontré à Cayenne...



Il est des visages qui portent sur eux
leur richesse
leurs convoitises aussi

Lui
je n’aurais su dire son âge
mais dans ses yeux plissés
je devinais les heures à scruter le soleil
bruissant des frelons pierres grandis au fond de l’eau
l’acier bleuté des lèvres fermées sur un mégot
silence de pêcheur
et ce cercle surtout qui s’échappait de lui
dont il était le centre
cercle d’ombre où luisait
seule
sa peau

On aurait dit la lune
ou quelque chose qui serait tombé du ciel
piqueté crevassé de partout
et pourtant la lumière

Lorsque la nuit venait
au trottoir endormi
serrant tout contre lui une vieille marmite
à côté du chapeau reposait la pépite
étrange comme un masque
de son visage nu

A l’entour des lacunes
l’or d’une incarnation