Poésie, symbolique du monde, les quatre éléments, contes, écoute, accompagnement, musique

Le train




On renversera tout
même les portes closes
que le vent du matin caresse de phrases courtes

ses lèvres d’un beau vert sous le nuage glacé
la jeunesse des ombres qui ne font que passer
les alarmes crieront de leur cri raye ciel
on se tiendra la main
jusqu’au cœur
et tu me montreras l’épine sous l’étoile.

Il est étrange ce train
il me brûle de tristesse et l’horloge arrêtée
le matin semble mort le soleil cérusé

Nous fuirons dans la nuit en taisant nos chansons
en retournant la langue autour de ses secrets
pleins de rêves et de bleu nous serons si légers
avant de ressurgir
du matras occulté
et le pain sera chaud et les voix des enfants pendant que les gens dorment
savent-ils seulement que cette chaleur ronde
choeur de promesses rouges
joie de feu en famine corolle
est en train de forger des glaives pour demain?


Il est si long ce train
quand a-t-il commencé l’horloge est arrêtée
le quai est silencieux

On verra du pays on recommencera
je t’en prie hurle moi que tu es quelque part
dans un de ces wagons

La porte dépliée sur l’horizon béant
la terre dans un bol et le froid sous nos pieds on recommencera
on leur résistera d’autant plus qu’il est simple
si simple de céder
nous irons promener en ce creux d'herbe rase taquinant le ciel
dans nos mains ses cascades de cendre épousées de semailles
et l'accomplissement du souffle et de la flamme
averse de musique et de pierres mélées

Il est si noir ce train
je ne sais où il va la forêt est si lente
les pensées en broussaille

Si on faisait comme si rien n’aura jamais lieu ?

Te souviens-tu de ce volcan muet comme une impasse
la grâce dénudée de ses flancs, sa poitrine
une métamorphose en marche sous nos pas...

Une petite gare
On sort
c’est rien le ventre qui se tord
la fatigue qui lèche derrière les genoux et frappe les épaules
où es tu
perdu
dans cette foule
tenir ferme contre moi ma peur pour qu’elle se taise
regarde elle est déjà toute barbouillée de nuit

Tu sais
on est coupés en deux
poussés vers l’inconnu
demain une évasion il faut que tu y croies
à la fin du mystère nous aurons mille soirs et mille pages blanches
méfie-toi je t’en prie
méfie-toi des visages que tu ne connais pas


Il est si loin ce train qui l’a laissé là-bas

Il prenait comme moi le 18 h 45



Ballade n° 1 de Chopin

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