Fille de Chicoutimi, dis-moi la prière des ancêtres...
Terre Ô ma Terre, Permets que de mes mains Très humblement je creuse Une vasque de transes dans ta peau blessée. Je ne veux pas le mal, Je ne veux pas les cris Juste un berceau de glaise où coucher mon corps nu Et que sur lui descendent les Esprits Fondateurs.
Vienne l'esprit de Feu Qu'il mange mon bâton Tendu vers les orages Incendie la prairie et purifie l'espace! Qu'il rende à l'herbe drue Une envie de troupeaux Et des enfances vierges.
Vienne l'Esprit de Vent Qui souffle sur le feu et étend sur la Terre Sa médecine rouge. Guéris les hommes, Vent ! Guéris-les du désir De toujours plus avoir De toujours plus envier. Avale dans ton outre Les mots qui font tomber, Les mots qui font tuer, Les mots qui empêchent les mains de se tendre et s'aimer.
Et maintenant que l'Eau Apaise de caresses Les larmes de mon peuple. Nous avons tant pleuré de voir l'homme se croire Plus doué qu'une fourmi, Plus grand que la poussière Plus fort que le faucon. Que chaque goutte d'Eau Lave les mains des hommes, Qu'elles redeviennent simples Et se sentent modestes Lorsqu'elles creusent la Terre, domestiquent le Feu, empruntent les chemins de la Brise et du Fleuve.
Que les Esprits Fondateurs disent aux mains des hommes : "Nous sommes si fragiles Mais aussi très puissants. Dans le creux de vos mains Nous savons nous plier Mais aussi déchaîner tous les cris que la Terre rentre en son ventre chaud. Ne nous obligez pas. Ne nous y forcez pas. Redevenez des Vrais.