Poésie, symbolique du monde, les quatre éléments, contes, écoute, accompagnement, musique
Par Viviane Lamarlère
Depuis l’aube il est là
sur cette terre ingrate
où son regard se tord et boîte l’espérance.
On a brûlé le chaume du dernier été.
Il a fait beau ce jour
et la chaleur fut telle et les puits si lointains
qu’il eût fallu marcher jusqu’au proche matin
pour tenir en sa main une précieuse goutte
De ses lèvres blêmies s’écoulait un cri sourd
à chaque coup de houe qui arrachait la terre.
Il ne lui reste plus qu’un peu de souffle pour
regarder au-delà de la dernière pierre.
On dirait que sa peau a bu l’ ocre du ciel.
Peut-être cherche-t-il son soleil dans la glaise
et de sa vie le miel
est-il chaque sillon dont jaillira la braise
enfantine des blés
joyeux dans le pain même
au soir sur les tablées ?
Les yeux tout retournés sur l’immense fatigue
il sait chaque matin que le sel qui irrigue
une terre assoiffée et jamais assouvie
est celui de son front, de sa chair, de sa geste.
Dans la respiration d’un jour qui se retire
Homme sur ton outil
posé dans le silence
tu es beau de ta peine
et cette lassitude à l'or du soir saisie
m'offre dans sa couleur
comme une eau pure et pleine
le mouvement très lent qui va te redresser
Adagio pour piano et cordes de Schubert
Chic salon © - Hébergé par Overblog