Poésie, symbolique du monde, les quatre éléments, contes, écoute, accompagnement, musique
L'Afrique, où je suis née et ai vécu dix-huit bonnes années si on compte un séjour de jeune maman au Maroc, m'a laissé des souvenirs à la fois atroces et merveilleux. C'est dans ces derniers que je vous emmène aujourd'hui, pour un diaporama au pays des maisons traditionnelles africaines
Cette idée m’est venue en écoutant les merveilleuses Escales de Jacques Ibert dont l’une, intitulée Rome-Palerme est très surprenante,
d’une part parce qu’il n’y a rien d’Italien dans le mode utilisé !!
D’autre part parce qu’une escale c’est,
pour l’esprit commun
un lieu où l'on se pose et non pas le trajet entre deux endroits.
C'est cette étrangeté, le mélange de rêverie, de nostalgie aussi qui m’ont conduite sans détours aux souvenirs de l’enfance...
Afrique aux cases si différentes, si étranges si amusantes souvent.
Bien sûr, il manquera les parfums, la poussière en nuage sur les pistes de latérite, les " S'en fout la mort " chargés jusqu'à la gueule, l'odeur après la pluie si rare ou si diluvienne selon les lieux. Tans pis. En route vers...
Les délicieuses maisons Obus Pouss au Nord Cameroun
que vous voyez ici adossées à... leur modèle chez les termites!
Le Burkina est lui aussi d'une richesse incroyable
de variété architecturale
en particulier la région de Kassena, au sud du pays à la frontière du Bénin. Les maisons y sont, comme celle ci-dessus et les suivantes peintes de motifs géométriques aux significations bien précises sur le rang ou l'état matrimonial de leur propriétaire. Leurs toits en terrasses sont parfois recouverts de plantes qui assurent un minimum de fraîcheur
Ces maisons sont de véritables labyrinthes dans lesquels tout semble fait pour tromper le regard et faire perdre l'équilibre. On retrouve d'ailleurs les mêmes motifs dansants sur les pagnes enroulés aux hanches des femmes
Les plus belles cases du pays se trouvent à Tiebelé
Elles sont faite d'un mélange de terre, d'eau et de bouse que l'on appelle banco, très résistant aux intempéries. Les villages ont une forme de huit, nombre parfait en Afrique comme ailleurs qui en outre là-bas est celui de l'Ancêtre primordial. Cette maison ressemble à une poterie ou mieux encore à un pouf de cuir patiné par le temps, elle s'insère dans un village qui a plus de trois cents ans.
Bien sûr, on ne peut imaginer le charme de ces petits villages qui tentent de survivre aux abords des villes, ici un village sénoufo à la frontière Malienne. Les cases ressemblent à des greniers surélevés pour se protéger des rampants.
Ce mélange de terre rousse, de chapeaux pointus et de formes très simples me charme toujours autant...
Il me rappelle les délicieuses maisons du pays Dogon dont je vous ai déjà parlé par ailleurs, sur la falaise de Bandiagara au Mali
Plus on remonte vers le Sahara, plus les villages s'aplatissent et troquent leurs toits de chaume contre des terrasses. Ici en Mauritanie, on tempère la dureté terrible du climat en ornant merveilleusement les cases de ces motifs que l'on retrouvera peint au henné sur les mains des Berbères:
La beauté de ces cases traditionnelles me permet d'oublier que dans toute l'Afrique les bidonvilles grossissent, les campagnes se désertifient, et qu'il faut toute l'énergie de jeunes associations locales pour faire redécouvrir aux maçons et paysans les vertus d'une architecture naturelle, belle, humaine...
Pour terminer, je vous offre un petit MP3, l'enregistrement de cette fabuleuse Escale de Jacques Ibert si peu jouée et dont je comprends maintenant pourquoi son climat d'inquiète mélancolie traversé de grands souffles lyriques ou de paysages plus primesautiers m'a fait me retourner sur mes pas...