Poésie, symbolique du monde, les quatre éléments, contes, écoute, accompagnement, musique

Bocklin et Rachmaninoff : L'ile des Morts

 

 
 
Découvrir le tempo à 5/8
  imitatif du coup de rame de Charon

trois temps pour rentrer dans l'eau, deux pour en surgir...
rythme et motif mélodique obsédants
entrecoupés de haltes résignées, presque paisibles.
 
bocklin.jpg
Sans doute les arrière-saisons se prêtent-elles à ce type de sentiment,
à la douce brutalité du morose.

Dans ces moments-là je cherche une harmonie entre ce qui se passe dans ma tête et au-delà de la fenêtre.

C’est en général gris. Nuancé d’or et de noir
d’un  peu de blanc aussi
la chair en filigrane avec sa solitude et ses inaboutis
pas de couleurs violentes.

Il me revient alors en pensée une toile sublime
et une musique créée en écho à cette toile
elles m’entraînent toutes deux
si j’ose cette formulation
dans une mélancolie jubilatoire
le désert
le silence
n’y sont plus ces lieux inhabités où grandit le stérile
mais au contraire des poches de vie à naître
 

ile-des-morts-1883.jpg
 

Cadeau pour vous
deux des merveilleuses toiles de Bocklin dont on pense qu'elles furent inspirées par le cimetière de l'Ile de San Michele à Venise et qu'il a peint en cinq exemplaires, tous différents et qui ont inspiré à leur tour de multiples artistes.
Il se trouve dans ces bleus un peu confus ou cette palette de gris
des échos aux agitations de l'âme
une incitation à trouver dans l'absence
le silence ou la profonde solitude
cette amitié pour soi que l'on voit plus clairement dans les voyages au long cours.

Regardez ces cyprès comme ils bougent...

Et en lien musical la malheureusement trop méconnue Ile des morts de Rachmaninov dirigée par le compositeur lui-même… quel climat! Le leit-motiv très wagnérien de la mélodie ( do-mi bémol - ré - do ) et du rythme balancé 1-2-3/ 1-2 nous font monter dans cette barque que Charon va mener à son port,  ne s'arrêtant que pour souffler un peu et peut-être permettre à son passager de découvrir en douceur ce qui va être son dernier séjour.

Une thématique simplissime que sert, crescendo, une orchestration puissante, très évocatrice de l'angoisse, de l'eau, du chemin interminable, de l'invisible effleuré,
une musique emplie de questions et de révolte,
de lumière et de ténèbres
de résignation enfin... Il y a quelque chose d'implacable dans cette oeuvre qui est sans doute le dernier grand poème symphonique romantique écrit.




Ci-dessous l'intégrale de cette oeuvre majeure du compositeur russe en exil. On oublie si souvent de se représenter ce que peut être pour un homme d'être déraciné, la tristesse profonde, le trajet intime que cela suppose.












 
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O
<br /> Je connais ces tableaix où^ressionnants de morosité paisible<br /> <br /> erci pour la beauté des oeuvres<br /> <br /> <br />
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R
<br /> Merci O de cette lecture d'oeuvres majestueuses, sombres et cependant...<br /> <br /> <br />
L
<br /> Votre poésie est belle, j'ai moi- même un site de poésie peinture, textes libres et photos sur over-blog, ça me ferait plaisir que vous veniez me voir! me permettez vous de mettre votre lien chez<br /> moi? Merci pour ce partage, à bientôt lucye<br /> <br /> <br />
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R
<br /> Je ne manquerai pas d'aller y faire un tour, Lucie,<br /> pas de souci, les liens c'est fait pour ... unir<br /> <br /> <br />
U
<br /> "La douce brutalité du morors...." tout est dit, peint, tressé de musique....<br /> <br /> <br />
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R
<br /> Merci, Ut, d'avoir choisi la phrase pivot.<br /> je dois me défier de la mélancolie. Ancienne compagne toujours prompte à cogner à ma porte<br /> mais là<br /> c'était un vieux texte sorti de son linceul<br /> <br /> <br />
R
<br /> En écoutant cette musique j'ai la sensation d'être sur cette barque, bercé lentement au gré du clapotement de l'eau vers un ailleurs où la finitude ressemble à un lent endormissement.<br /> <br /> <br />
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R
<br /> C'est tout à fait cela<br /> un apprivoisement lent de ce qui nous espère<br /> au gré de la rame du passeur<br /> Merci d'être rentré dans ce bercement qui n'est jamais monotone, Roland.<br /> <br /> <br />
C
<br /> On se laisse glisser sur l'eau...vague mélancoliquement cadencée...embarqué dans un voyage musicalement orchestré...vers cette île à l'atmosphère ténébreuse !<br /> Magnifiques toiles et musique grandiose...Que de découvertes...Merci à toi !<br /> <br /> <br />
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R
<br /> Merci à toi surtout de cette lecture de musicienne et artiste.<br /> ces beaux tableaux sont surtout connus pour avoir plu à... Hitler;<br /> J'ai surmonté cela pour vous les offrir, de même que l'on surmonte la proximité de Heiddeger avec le nazisme pour ne garder de lui que ses merveilleuses interrogations métaphysiques.<br /> <br /> <br />