Poésie, symbolique du monde, les quatre éléments, contes, écoute, accompagnement, musique

Manfarinu, l'âne de Noël, d'Angèle Paoli



Un autre article publié l'an dernier
et un délicieux livre à vous offrir

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C’est période de recensement et on ne déroge pas aux ordres des autorités.
Saveria et Santu attendent un heureux événement, tout proche. Et en ces semaines de l'Avent, la perspective de devoir rejoindre la ville dont ils dépendent pour une formalité qui les dépasse ne les réjouit guère mais le garde champêtre sait se faire obéir dans ces villages perdus de Corse.

D’une halte à l’autre, dans la crainte que cette naissance ne survienne plus tôt que prévu, Saveria va tenter de cacher à son époux ce qui l'étreint. La campagne est belle, odorante, les repas simples qui les attendent sont des festins qui rassasient autant le corps que l’âme et trompent leur inquiétude.

L’arrivée à la ville est l’occasion d’autres émotions tout aussi intenses qu’Angèle Paoli nous offre de sa plume à la fois lyrique, amoureuse de sa terre, et toute en petites touches.

Le détail est fouillé, on y sent la présence à ce qui fait notre histoire commune, les vieux outils, les odeurs des bêtes, les appentis où nous jouions enfants. Mais aussi une formidable écoute de l'humain agacé, de l'humain angoissé, de l'humain confiant.

Jamais le détail n’écrase la phrase ni la sensation. Les êtres, leurs émotions, les décors dans lesquels ils évoluent ne sont pas convoqués à grand renfort de verbe. C’est ce qui m’a touchée dans ce très joli livre au format si délicat, ce mélange réussi de pudeur et d’intensité, cette manière délicate d’aborder les événements par ses lisières, de ne jamais enfermer l’imaginaire. Le voyage dans une campagne d'ombre et de lumière rythmée par les sabots du compagnon de poil, les dialogues rares mais vrais, tout y respire la vie. Tout, en fermant les yeux et se laissant bercer par les mots lus s'incarne: couleurs, sons, parfums, goûts.

Dans ces descriptions très présentes sous la plume il reste encore de l’espace pour que l’on puisse emprunter les traces des héros et découvrir notre propre Corse derrière eux.


Et l’âne dans tout cela ? Hé bien ce petit âne m‘a rappelé dans son immense courage et ses yeux de douceur les ânes gris d’Afrique qu’aucun travail et aucune charge ne rebutait.

Oui mais cet âne, me direz-vous ?

Lisez ce conte, et découvrez, juste à la fin, le pourquoi de cet âne… et bien d'autres surprises que je ne vous dirai pas.
Lisez ce conte et retournez en enfance, dans le pays où les légendes naissent des réalités et… inversement.

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Le site d'Angèle
qui est un des plus beaux sites de littérature qui soit

Suivez le lien
et lisez le Passeur de Mélancolie

Manfarinu, l'Âne de Noël, aux éditions A fior di carta
20228, Barrettali, Haute-Corse.




 
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Je note la référence...à lireBon mercredi
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R
<br /> merci pour ce joli livre ;o)<br /> <br /> <br />
C
bonjour, Me voici revenue avec Internet et un âne.. lol clem
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R
merci Clem, contente de ton retour, excuse moi pour le retard, mon administration sur Overblog fait des siennes, pour cause de parefeu ou je ne sais quoi.
V
Oui, voici un livre certainement très beau, si l'on t'en croit, et si l'on en croit tous ces textes découverts à l'occasion de la visite du site indiqué en lien. Une femme remarquable, cette Angèle Paoli.Cette élégie sur des bois peints est splendide.
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R
le livre est un très doux très joli conte de Noêl et qui fait découvrir mille choses de la Corse.oui, cette élégie des bois peints, c'est un espace où je viens souvent me reposerune totale réussite...Bisous Valentine!
M
Encore un trésor révélé ici !Et les ânes sont des animaux pour lesquels j'ai une sorte de tendresse spontanée. J'aime leurs yeux, leur tranquillité, leur capacité à s'affirmer aussi !Durant mes vacances à Sainte-Maxime, il y en avait deux que j'adorais entendre quand leur voix résonnait jusqu'à notre logement. C'était devenu un rituel de les retrouver d'année en année pour nos vacances. Si nous ne les avions pas entendus, quelque chose nous aurait vraiment manqué ! Nous ne les avons jamais approchés car ils étaient dans un enclos, mais nos enfants, mon époux et moi, nous les aimions bien !
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R
C'est étonnant cette amitié spontanée des humains pour les ânes et ton témoignage le corrobore. Je t'avoue que si j'aime beaucoup regarder un concours hippique, si je reste fascinée par l'élégance d'un cavalier qui fait coprs avec sa monture dans un concours complet, j'ai une franche trouille des chevaux ( alors que Michel et nos enfants les adorent et que mon jeune frère a été moniteur et excellent cavalier)Mais un petit âne ne me ferait pas peur. Oh oui, entendre au matin un âne braire pendant des heures, j'ai connu ça aussi, à Yaoundé (sourire) c'était terrible et très étonnant. merci de ton témoignage;
M
J'ai, juste à la gauche de mon bureau, une grande photo d'un âne portant un bissac (une besace). Annick et moi sommes juste devant lui. Je caresse le chanfrein de sa tête douce et résignée. Cette photo a été prise par Benoït, sur les hauteurs de Bastia et évidemment ton texte - qui nous présente merveilleusement le livre d'Angèle PAOLI - m'a rappelé cette scène et quelques autres. Quant au commentaire d'Angèle (que je salue en toute @mitié) il m'a rappelé une rencontre dans l'Atlas blidéen, près de Chréa en Algérie : un vieil homme habillé comme il y a deux mille ans et qui sortait de son tonneau dans un paysage biblique et qui m'expliquait dans un dialecte algérois très rustique que je m'étais trompé de chemin.Moi aussi, évidemment, j'aime les ânes et si j'avais un champ au bout de mon grand jardin, j'en aurais deux, afin qu'ils se tiennent compagnie. Mon médecin François en a eu jusqu'à quatre, tous de très beaux ânes du Cotentin, avec la croix de Saint André.http://www.payscotentin.net/terroir/photo/ane4g.jpgDans ma jeunesse, je m'occupais volontiers des chevaux et des ânes de la ferme. Eux, ne m'ont jamais déçu. Certains humains, si. Certains beaucoup d'ailleurs.De mémoire :"À la campagne où j'habitaisUn vieux logis démanteléDe ma fenêtre je voyaisUn petit âne dans un préC'était un petit âne grisÀ l'air pensif et réfléchiSur son dos très souvent grimpaitJeannot le gamin du fermierPar d'autres lurons escortéAu trot, au galop hue Baudet !Il fallait le voir trottinerVaillamment le long du sentierC'était un petit âne grisÀ l'air pensif et réfléchiPuis il retournait dans son préDoux philosophe résignéJe m'approchais pour caresserSon muffle de velours fanéC'était un petit âne grisÀ l'air pensif et réfléchi"J'ai rencontré la vieille dame qui était l'auteur de ce poème simple et sensible. Je lui ai dit quelques poèmes sur les ânes que je connaissais comme celui de Francis JAMMESJ'aime l'âne si doux J'aime l'âne si doux marchant le long des houx. Il a peur des abeilles et bouge ses oreilles. Il va près des fossés d'un petit pas cassé. Il réfléchit toujours ses yeux sont de velours. Il reste à l'étable fatigué, misérable. Il a tant travaillé que ça vous fait pitié. L'âne n'a pas eu d'orge car le maître est trop pauvre. Il a sucé la corde puis a dormi dans l'ombre. Il est l'âne si doux marchant le long des houx....  Et puis, évidemment, je lui ai chanté la chanson d'Hugues AUFFRAY (que Christophe connaît bien ; le chanteur, pas la chanson...)(°!*)Le petit âne grisEcoutez cette histoire, Que l'on m'a racontée Du fond de ma mémoire Je vais vous la chanter. Elle se passe en Provence Au milieu des moutons Dans le Sud de la France Au pays des santons. Quand il vint au domaine Y avait un beau troupeau Les étables étaient pleines De brebis et d'agneaux Marchant toujours en tête Aux premières lueurs Pour tirer sa charrette Il mettait tout son coeur. Au temps des transhumances Il s'en allait heureux Remontant la Durance Honnête et courageux Mais un jour de Marseille Des messieurs sont venus La ferme était bien vieille Alors on l'a vendue. Il resta au village Tout le monde l'aimait bien Vaillant malgré son âge Et malgré son chagrin Image d'Evangile Vivant d'humilité Il se rendait utile Auprès du cantonnier. Cette vie honorable Un soir s'est terminée Dans le fond d'une étable Tout seul il s'est couché Pauvre bête de somme Il a fermé les yeux Abandonné des hommes Il est mort sans adieu. Cette chanson sans gloire Vous racontait la vie Vous racontait l'histoire D'un petit âne gris.Bien sûr je lui ai inventé une deuxième voix et une voix d'accompagnement. Ça se chante très bien, c'est très doux.Voir aussi sur Bourricot.com toute une brochette de poèmes :http://www.bourricot.com/Poetes/ListePoesies.html
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R
Mais quel cadeaux merveilleux tu m'offres là... Quel cadeau et j'espère que tous nos amis liront vos commentaires à Angèle et toi car ce sont de vraies tranches de vie tranquilles.les petits ânes de Corses ressemblent assez à ceux de notre région, qui ne ressemblent pas du tout à ceux du Poitou (lesquels ont le poil très long)J'aimais les petits ânes africains dont le ventre énorme et surchargé de fagots roulait comme un carosse sur les routes de latérite là-bas, la mélancolie de leurs yeux, la beauté de leur pelage gris et blanc.C'est étonnant comme ce personnage de l'âne est fort dans notre conscience collective et comme lorsqu'associé au désert, il rassure...pour ce qui est de ton jardin, il m'a semblé pourtant assez grand pour contenir ces belles bêtes, non? derrière, tout au fond.le premier poème est délicieux, cette allusion au mufle fâné, quelle délicatesse.je connaissais le second qui me rappelle mon enfance, il devait faire partie des poèmes que l'on m'avait apprisquant à la chanson, tu me fais re-découvrir quelqu'un de bien sensible à travers ce joli portrait un peu triste d'un petit âne serviable (  je n'ai jamais vu d'âne refuser de travailler et n'ai jamais compris cette histoire de bonnet d'âne...)merci de ces cadeaux, Merlin, c'est adorable;