Quittant Leon la somptueuse terrienne, nous voici en route vers la frontière de l'Espagne avec le Portugal. Baïona, traduction locale de Bayonne dont je ne saurai la signification pour qu'il soit ainsi employé deux fois, peut-être une colonie d'émigrants de l'un ou l'autre village sur ces bords de terre?
Les bas-côtés de la route sont d'une rare sécheresse, aux fleurs déplumées:
Qu'importe, l'eau n'est plus très loin et quand elle apparait, une joie nous saisit de ces parfums iodés, de ces embruns, du vent léger et frais qui vient lécher nos visages:
Il fait soir déjà, dans le ciel les oiseaux ne se croisent plus en criant comme il convient au-dessus de la mer. Mais à nos pieds s'étale un crocodile dont le rostre nous indique le Nouveau Monde, au loin...
Le lendemain au petit matin, nous découvrons dans le port une copie conforme de la Pinta, l'une des trois caravelles qui sous le commandement de Christophe Colomb avait atteint les Amériques.
Elle vit sa vie de bateau éternellement à quai. L'humain aime à contempler son histoire autrement qu'à travers mots et cette reproduction coque dans l'eau nous enchante. La brume est douce, il n'y a presque pas de bruit. Sensation étrange d'être dans un autre monde... Les vagues s'acharnent sur quelques rochers:
La côte ici a très mauvaise réputation du fait de sa découpe accidentée. Bien des marins, bien des navires y ont laissé leur vie et leurs ambitions de voyages.
Le port et la côte sont gardés par un fortin de pierres construit au XV ème siècle par Pedro Madruga , noble galicien opposé à la couronne de Castille. Le nom de ce chevalier signifie " Pierre le lève-tôt " ou " Pierre-de-bonne-heure ". Ce qui en dit assez long sur l'énergie déployée par l'homme pour mettre au pas dès la première heure du jour toute la royauté!
Un de ces merveilleux greniers à blé qui parsèment la Galice, héritage de la longue présence romaine, nous accueille à l'entrée de la forteresse:
Sous un ciel sans nuage, nous partons à l'assaut de ce qui depuis le bord de mer nous paraissait très peu élevé et même d'architecture légère. C'est pourtant bien d'un lieu de résistance à toute invasion possible qu'il s'agit ici:
En fait la forteresse s'enroule sur elle-même, degré par degré et tout en haut, nous contemplons son entrée magnifiquement arborée et jardinée. Comme bien des chateaux médiévaux en Espagne, celui-ci a été transformé en hotel de luxe ou parador.
Les pierres que l'on voit en contrebas jonchant la pelouse ne sont pas des manifestations de la présence celtique mais tout simplement des morceaux de crénaux tombés avec le temps ou jetés sur l'assaillant, qui sait...
Nous faisons le tour des lieux sur un étroit chemin de ronde qui parcourt bien des kilomètres, passant en sous-bois, revenant à la lumière, montant et descendant à loisir... J'avoue un léger vertige! Mais l'endroit est bucolique au possible, embaumant le jasmin , la myrte et le gardénia.
Sous les pins nous attendent des plantes grasses étranges . Ah s'il y avait en plus des cèpes, ce serait le Paradis! Nous laissons à regret cette ville à l'histoire tourmentée, sa belle Ria où s'affairent des bateaux de commerce et de pêche.
Un petit bouquet de fleurs de rochers nous accompagne pour la suite de notre voyage qui prend la direction de l'île d'Arosa...
En hommage à ce peuple de la mer, dont nous avons pu apprécier l'accueil et la constante joie de vivre, le très beau Gloria de la " Messe des pêcheurs de Villerville " de Gabriel Fauré et André Messager
ici interprété par un choeur d'enfants sous la direction de Philippe Herreweghe:
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