Poésie, symbolique du monde, les quatre éléments, contes, écoute, accompagnement, musique

Les Stances de Sapho, Charles Gounod



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Si de la vie de la grande poétesse Sappho il ne nous reste que peu de choses, quelques poèmes nous sont parvenus et le moins que l'on puisse dire est que
ce personnage qui ne vivait que pour l'amour et la poésie ne pouvait que tenter l'imaginaire musical.

Massenet et Gounod figurent en bonne place dans cette lecture  moderne d'une poétesse légendaire. On a d'ailleurs de bonnes raisons de penser que le personnage de l'opéra est un mélange de deux personnes au même nom et destin dissemblables.

Petits arrangements avec l'histoire...

La toile  du peintre Antoine Jean Gros  
nous la représente ci-dessus sur le point de rejoindre les flots tant espérés après qu'elle eut perdu son amour Phaon.

Le clacissisme des formes inspirées de l'antique et le clair obscur de l'ensemble annoncent la peinture romantique.
Mais là n'est pas l'objet de cet article.

Je voudrais vous faire découvrir quatre belles interprétations des Stances de Sapho extraite de l'opéra de Gounod, qu'elle chante à la fin du troisième acte avant de se jeter à la mer.  Elles sont à dessein classées sans ordre de préférence.

La première est de Régine Crespin. Voix de velours, douceur questionnante, presque étonnée et pourtant résignée devant le gouffre qui l'attend. Est-cela le destin? Est-ce à la fois si simple et si compliqué semble nous dire cette voix retenue et profonde.

dewplayer:http://s3.archive-host.com/membres/playlist/1543578952/7_Musique_XIXeme_siecle_et_moderne/gounod/1-03_Sapho-_Opera_in_3_Acts___Ou_suis-je_O_ma_lyre_immortelle_.mp3&



La deuxième est de Denyce Grave, jeune mezzo-soprano noire américaine.
Interprétation très propre, calme, sans excès. On comprend moins le texte que chez Crespin, il y a moins d'engagement psychologique aussi...
Beau musicalement mais de mon point de vue sans âme.

dewplayer:http://s3.archive-host.com/membres/playlist/1543578952/7_Musique_XIXeme_siecle_et_moderne/gounod/03_Sapho_Opera_In_3_Acts__O_Ma_Lyre_Immortelle_1.mp3&


La troisième met en scène une Grace Bumbry ( autre cantatrice noire américaine) à la voix somptueuse mais un peu trop romantique. Quelques accélérations dans la diction par moments, une voix grossie exagérément et un aigu final serré et sans tenue en font plus une sorcière qu'une amante touchée à mort. Ceci dit la couleur de l'orchestre est magnifique et très prenante.


dewplayer:http://s3.archive-host.com/membres/playlist/1543578952/7_Musique_XIXeme_siecle_et_moderne/gounod/1-12_Sapho_-_opera_in_3_Acts__O_ma_lyre_immortelle.mp3&


La dernière lecture de cette oeuvre est celle de Shirley Verrett. Autre icône des chanteurs noirs américains.  Lecture pleine de sensibilité voire de sensualité, engagement total dans le rôle, une voix à la fois sombre et fruitée qui n'est pas sans me rappeler par instants celle d'une autre noire: Barbara Hendricks. L'orchestre y est d'une tension rare mais discrète. Bref, ma version préférée, incontestablement.

dewplayer:http://s3.archive-host.com/membres/playlist/1543578952/7_Musique_XIXeme_siecle_et_moderne/gounod/1-02_Sapho__O_ma_lyre_immortelle.mp3&



Bonne écoute!





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M
<br /> <br /> Oui, d'accord pour Shirley Verrett ! Elle est parfaite et si sa voix a un peu moins de profondeur de caisse que celle de Barbara Hendricks, elle est néanmoins comme tu le dis fruitée, dramatique<br /> et pour tout dire magnifique également.<br /> <br /> <br /> Dommage pour ma grande soeur Régine   mais je crois que c'est vrai ; elle écrase un peu l'oeuvre de sa<br /> personnalité et de sa carrure. Mais ce n'est pas un dragon de la garde ! Je ne sais pas si Véronique Gens s'y est<br /> essayée, mais ça lui conviendrait assez bien de se produire en Sappho. Très belle page d'opéra ! Merci à toi.<br /> <br /> <br /> <br />
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R
<br /> <br /> Vraiment contente que tu aies retrouvé ces mêmes harmoniques fruitées qui font le charme puissant et inégalé( inégalable) de<br /> Hendricks. J'adore Verrett qui fut magnifique dans le Messie de Haendel. Ou Carmen.<br /> Crespin, je la mets au même niveau, elle a la douceur des nuances, la rondeur lisse de la voix (qui pourtant aurait du plaire à Valentine) une intelligence du texte et une diction à nulles autres<br /> égales, un sens de la phrase et de la ponctuation qui en font LA grande dame du chant français. Moi en tous cas, je l'adore ta soeur de patronyme ;o)) et je n'ai pas bien compris le sens de<br /> l'expression dragon d ela garde mais ... non, je ne vois pas en quoi. Au contraire, elle est femme jusqu'au bout des cordes vocales. Verrett chante cet air bien davantage dans un esprit<br /> vériste,  puccinien. Avec une sensualité plus débridée qui me convient aussi; Je les mets toutes deux en n° 1. Gens ne l'a pas enregistré ce rôle, mais elle prend son temps, c'est un rôle<br /> lourd en tessiture qui requiert une maturation vocale. Sa prudence est bienvenue, elle sait aborder les choses quand elle sent sa voix apte à le faire sans brisure. Elle y sera parfaite!<br /> Mille merci Merlin de ton commentaire avisé;Pour toi Véronique Gens dans la mélodie Sur les lagunes, extraite des Nuits d'été de Berlioz. On y parle aussi de s'en aller sur la<br /> mer...<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> dewplayer:http://s3.archive-host.com/membres/playlist/1543578952/6_Musique_romantique/Berlioz/03_Les_Nuits_Dete__Sur_Les_Lagunes.mp3&<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Sur les lagunes – Lamento<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Ma belle amie est morte,<br /> Je pleurerai toujours;<br /> Sous la tombe elle emporte<br /> Mon âme et mes amours.<br /> Dans le ciel, sans m’attendre<br /> Elle s’en retourna;<br /> L’ange qui l’emmena<br /> Ne voulut pas me prendre.<br /> Que mon sort est amer!<br /> Ah ! sans amour s’en aller sur la mer!<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> La blanche créature<br /> Est couchée au cercueil.<br /> Comme dans la nature<br /> Tout me paraît en deuil!<br /> La colombe oubliée<br /> Pleure et songe à l’absent;<br /> Mon âme pleure et sent<br /> Qu’elle est dépareillée.<br /> Que mon sort est amer!<br /> Ah ! sans amour s’en aller sur la mer!<br /> <br /> <br /> Sur moi la nuit immense<br /> S’étend comme un linceul.<br /> Je chante ma romance<br /> Que le ciel entend seul.<br /> Ah ! comme elle était belle,<br /> Et comme je l’aimais!<br /> Je n’aimerai jamais<br /> Une femme autant qu’elle.<br /> Que mon sort est amer!<br /> Ah ! sans amour s’en aller sur la mer!<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
R
<br /> <br /> Bonsoir Viviane<br /> <br /> <br /> Tout d'abord un grand merci pour ce partage d'un air somptueux.<br /> <br /> <br /> Ensuite je t'accompagne pleinement dans ton choix.Il y a un équilibre magnifique<br /> <br /> <br /> entre la voix de Shirley Verret et les mouvements de l'orchestre qui l'accompagne.<br /> <br /> <br /> Il y a quelques années j'avais été assez séduit par l'interprétation de Montserrat<br /> <br /> <br /> Caballé qui avait une présence de tragédienne extraordinaire qui allait bien avec<br /> <br /> <br /> la nature de l'histoire mais je souscris pleinement à Shirley Verret.<br /> <br /> <br /> Merci encore.<br /> <br /> <br /> <br />
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R
<br /> <br /> Ah, c'est sympa...! Caballe était souvent un peu en dessous sur le plan acoustique ( il faut dire que faire des sons filés en permanence, cela n'aide pas forcément!) mais c'est une belle voix,<br /> oui. Verrett est extra là dedans!. Merci Renaud de l'écoute partagée;<br /> <br /> <br /> <br />
A
<br /> <br /> Je préfère l'interprétation de Denyce Grave, pour la musicalité de sa voix. qui est émouvante.<br /> <br /> <br /> Amitiés Alice<br /> <br /> <br /> <br />
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R
<br /> <br /> Le but de ces confrontations est que chacun trouve ce qui lui plait et résonne, alors vraiment contente que tu aies aimé celle-ci, la<br /> beauté de sa voix me touche aussi, c'est une jeune cantatrice encore, elle a de la réserve... Merci Alice de ton écoute!<br /> <br /> <br /> <br />
V
<br /> <br /> Oui, l'enregistrement existe (ici), et j'ai retrouvé ma cassette. mais comme je ne peux pas<br /> mettre de musique dans un commentaire, je la mets sur mon blog... <br /> <br /> <br /> <br />
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R
<br /> <br /> Mille merci de l'avoir fait... Je l'avais entendu sur france Musique ou culture la veille et c'est ce qui m'avait déterminée à faire<br /> cet article!<br /> <br /> <br /> <br />
V
<br /> <br /> Qu'est-ce que tu reproches à la dernière note de Grâce Bumbry ?? Je viens de<br /> l'écouter en entier ; bon, elle fait un peu "dragon" elle aussi, pour le rôle, mais quelle musicalité ! Quelle diction magnifique ! Et la dernière note, même serrée et courte, est mille fois<br /> meilleure que celle de Shirley Verrett ! Je pense qu'elle dure le temps marqué sur la partition (? puisqu'il s'agit d'une mort tragique on ne peut pas s'attarder en mpoint<br /> d'orgue).<br /> <br /> <br /> J'ai réécouté aussi Denyce Grace mais effectivement on se demande si elle comprend bien le texte car ce n'est pas très "ressenti" ; donc pour du Gounod, ça<br /> manque de "coeur".<br /> <br /> <br /> Je connaissais déjà la version de Régine Crespin ; c'est peut-être le style qui me semble vieilli ; et puis le fait d'avoir tout le récitatif avant nous fait<br /> dévier ; mais dans l'ensemble je ne la trouve pas assez "fragile", pas assez "lyrique".<br /> <br /> <br /> Impossible de remettre la main sur mon enregistrement cassette ; en effet je n'ai que l'extrait final, alors cela occupe une partie de cassette, et elle doit<br /> être très ancienne. Je pense que la cantatrice était russe ou polonaise.<br /> <br /> <br /> Voilà ! je l'ai trouvée sur le net ! "avec Alain Vanzo, Katherine Ciezinski,<br /> Eliane Lublin, Frédéric Vassar, Alain Munier, Nouvel Orchestre philharmonique et choeurs de Radio France, direction Sylvain Cambreling, enregistrement public, studio 104 de la Maison de la Radio,<br /> Paris, 5 janvier 1979, un coffret 2 CD GALA GL100.702, Rodolphe." ici<br /> <br /> <br /> <br />
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R
<br /> <br /> Je trouve au contraire que c'est Crespin qui chante le plus intelligemment ce rôle de femme meurtrie, questionnante dans le récitatif<br /> qui est indispensable ( et je regrette que les autres versions m'aient proposé le récitatif qui dure quelques secondes au même prix que l'air entier , ce qui fait que... j'ai fait l'impasse!)<br /> Régine a le velouté, la douceur, le nuancé qui conviennent. La voix de Ciezinsky est certes ronde mais manquant singulièrement de texture, je dirais que c'est une technique vieillie, alors que<br /> Crespin est profonde, et toujours actuelle.<br /> <br /> <br /> <br />