Poésie, symbolique du monde, les quatre éléments, contes, écoute, accompagnement, musique
Par Viviane Lamarlère
De notre arrivée au Puy je garderai le souvenir d’un sentiment d’angoisse devant la file de pèlerins motorisés qui s’acheminent d'un même pas que nous vers les rares parkings de la ville. Au point d'espérer une sorte de déraillement de l'espace temps qui me ferait disparaître de cette chenille métallico-humaine dans laquelle nous nous sentons emprisonnés. Nous avons pris, depuis plus de vingt ans que nous vivons à la campagne, l'habitude de ne pas être contraints...
Une halte pour contempler le panorama bleuté sur lequel s'appuie le château de Polignac sur son Ilot de pierre s'impose, le temps de laisser passer cette marée de voitures.
Certes Saint Michel de l’Aiguille est impressionnant sur son éperon rocheux et la petite église est de toute beauté, les photos prises ne rendent pas compte hélas des couleurs admirables de la pierre et du chant très particulier que nous chante cette église.
Le lien que je vous offre ici
vous permettra de mieux rentrer dans ce monument… comme il m'a permis d'oublier la Vierge qui domine la ville, fondue dans des canons et peinte couleur cuivre criard.
La rue qui conduit au sanctuaire du Puy est bien raide pour cette fin de journée bien remplie. J'imagine les générations de pèlerins qui ont gravi cette rue puis ces marches ( presque 400 en tout) à genoux... Pour l'heure, elle bafouille et bégaye ses visiteurs.
A l’arrivée, le brouhaha qui règne dans le monument, les groupes de guides et leurs touristes nez en l’air, obstinés à une admiration de circonstance alors que nous ne voyons qu' hideuse peinture grise imitant des briques sur toute la surface intérieure de l’édifice, tout nous pousse vers le cloître, très reposant. Forcément, la foule est en train de s'attraper un torticolis dans la nef!
Une superbe porte en fer forgé.
Et me retrouvant avec soulagement sous le porche, j’éclate de rire en pensant au film Saint- Jacques la Mecque qui, si mes souvenirs sont bons, débutait au même endroit.
Mais que tout ceci me parait triste et vide de vie, en dépit de l'agitation qui y règne quand je me remémore la jubilation colorée de Brioudes ou d’Issoires ! Et comme la lumière de ce jour qui se termine me parait nourrissante en comparaison de ces murs froids qui ne comprennent rien aux miracles.
Je suis prise d'une envie de courir pour descendre les marches, mais me fait l'effet de courir dans un cimetière; cela se fait-il? Serions nous, Michel et moi en train de redevenir sauvages? Même le cloitre ne nous rassérène pas:
Heureusement, une ruelle ombragée et presque luxuriante de verdure me réconcilie avec cette ville:
En redescendant, un bruit furieux d’insecte emmèlé dans ses propres pattes attire notre oreille: une brodeuse.
Quel étonnement que cette mécanique bruyante et trépidante qui réussit en polluant l’environnement sonore à fabriquer un misérable ruban de dentelle alors que sur leur coussin, les brodeuses et leurs simples mains fabriquent encore des merveilles dont quelques exemples se trouvent accrochés au mur.
Bien sûr, comme toutes ces villes de pélerinage, la rue qui monte au sanctuaire est encombrée d’étals de plus ou moins bon goût. Pour les éviter nous emprunterons de délicieuses venelles:
Et quitte à ne pas partir complètement imbéciles, nous nous offrirons une salade de lentilles, à peine cuites hélas et bien onéreuses...
Reprenant la route avant que l’orage ne nous tombe sur la tête – punition méritée sans doute pour tant de pensées iconoclastes- nous laissons derrière nous un monde dont la vénalité nous a quelque peu choqué… et sommes bien décidés à ne plus écouter le Guide Vert mais notre inspiration.
En chemin nous trouvons une punaise en train de faire ses courses.
Ces nuances nous annoncent un demain où tout sera mèlé, où seule parlera la mémoire de la terre. Nous allons baguenauder dans la vallée des Saints et visiter les roches aux Fées. Chaque seconde qui nous éloigne de cette rue gorgée de vilainetés en plastisque ou en verre nous rapproche de nous-mêmes.
La route de Lavaudieu déploie sa palette de couleurs
Demain, place privilégiée à la nature !!
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