Les marchés africains suintent leurs capiteuses fragrances de piment et de poudreamoureuse. La corne de Zébu voisine avec la peau De morues séchées pendant leurs oripeaux Le soleil tape-yeux.
Dans un recoin un Vieux Répare un balafon aux accords pataquès Pendant que des enfants avec de pauvres caisses Se fabriquent des jouets plus beaux que leurs modèles...
Le joaillier cajole un bracelet rebelle Qui tente d'échapper au lasso filigrane Alors que sa voisine orne de frangipane Les tresses d'une femme aux muscles de statue.
Un hableur de fortune vante sans se lasser Tous ses " En-attendant ", ses samaras tressés Qui sursoient un moment aux chaussures fermées Et font la joie puérile des touristes vampés.
Ici la maraîchère aux bassines émaillées Range sur son boubou le manioc et l'igname Et dans chaque carré énervé se déclament Des palabres sans fin, marchandages joués Autour des statuettes, d'ébène ou bien d'ivoire Ou des bronze coulés A la cire perdue.
Manioc, cumin pili pili et la chaleur qui fond Les peaux les unes aux autres, Brunes, noires ou blanches
Le chauffeur de taxi dans sa voiture épave Emporte sur son toit les chèvres et les poules Entassées, ahuries que ce carosse roule Comme un " S'en fout la mort" dont la poudreuse étrave Laisse les caquetances sur la mer des risées Mal avisées. Là bas, tout dure Plus qu'il ne doit durer.