Poésie, symbolique du monde, les quatre éléments, contes, écoute, accompagnement, musique
Par Viviane Lamarlère
La Chasse au Puma
Souvenir authentique..
Pas de quoi être très fière mais encore bouleversée.
Guyane 1977.
Nous habitons Montjoly, au bord de cette mer chocolatée parfois sujette à de petites colères épaisses.
Cayenne est le Tanger de l’Amérique du Sud. On y croise le monde entier.
Mais voilà que la vie va un jour mettre sur notre chemin un safari man dont le travail de mercenaire consiste à capturer vivants des animaux pour les cirques et zoos Européens.
Encore trop jeunes pour comprendre que cela procède de la destruction de la planète, nous nous embarquons dans cette aventure douteuse, avec tout l’internat de l’Hôpital Jean Martial.
Traversée en pirogue à moteur le long de la mangrove, ces pirogues qui flottent merveilleusement sous l'eau, puis crapahutage en forêt jusqu’à cette clairière inattendue où l’homme en question, qui est déjà venu en repérage, nous montre des traces de biche et de puma.
Un jeune puma.
Le gars a du métier, il est déjà venu dans le département et connaît la jungle comme sa poche. Habillé comme dans un film, il a conçu un plan béton : une cage de bambou à l’intérieur de laquelle pavoise un coq, appât gonflé de lui-même qui, dans la nuit, mettra en carafe le système de ressorts censé piéger le fauve. La Nature a ses exigences de liberté et de communication entre espaces-espèces, sans doute..
Le lendemain, l’équipe vient vérifier que le jeune puma s’est bien fait prendre à ce jeu…. Et repart déçue.
Nous décidons mon mari et moi de faire bande à part, d’autant que l’aventurier du cirque Machin... nous agace sérieusement de ses prétentions et sa logorrhée.
Michel est passionné de botanique. La Guyane est un paradis pour qui aime les plantes et je retrouve dans cette odeur d’humus si particulière aux forêts les plus vieilles du monde des brassées de souvenirs de ma terre Africaine.
De fougères arborescentes en banacoco, nous laissant guider par le métal des morphos, nous finissons par nous retrouver nez à nez avec... le jeune puma .
Une belle bête, dont le pelage se situe entre le gris tourterelle et le chamois.
Un museau tout blanc et de magnifiques yeux cernés de khol.
Des patounes à avoir envie de se faire griffer. Nous n’avons pour arme qu’une machette.
Nous tombons en arrêt les uns devant l’autre. A vingt mêtres à peine.
Instinctivement nous nous accroupissons.
L’animal reste debout et nous hume .
Le plus lentement possible, mon mari pose au sol son « arme ».
Et nous ouvrons tous deux les paumes de nos mains tendues vers lui.
Il se couche alors. Regarde ailleurs comme ces chats entre eux lorsqu’ ils veulent se signifier qu’il n’y aura pas d’agression. Entreprend la toilette de ses griffes.
Puis il se relève et repart dans la direction opposée.
Le tout aura duré une bonne vingtaine de minutes
d’une intensité et d’une qualité rare
Rencontre inoubliable…
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