Poésie, symbolique du monde, les quatre éléments, contes, écoute, accompagnement, musique

Sous le cercle de pierres * 2 *


Pour lire le premier épisode...

Millet-1862-De--Mann-mit-der-Hacke.jpg

Je suis parti un matin, le cœur lourd des souffrances entendues
jusques au coeur des pierres.

Le sorcier du village ne m’avait donné pour viatique qu’une bourse de sable gris. Au contact de la lumière il se muait entre mes doigts en  une pâte  nourrissante. Surtout, me rapprochant du lieu de cette énigme, il prenait de merveilleuses couleurs mordorées, m’en éloignant il se teintait de noir.

La faim serait ma boussole.


Il serait trop long de vous narrer les reliefs et les courbes du paysage laissés dans mon dos.

Quelques-uns m’ont donné la tentation de renoncer, d’autres m’ont rendu le goût de la fuite.
J’errais ainsi dans le merveilleux pays des Figuiers Monde dont chaque grain de chaque fruit de chaque arbre abrite l’univers tout entier.
Imaginez un arbre à taille d’homme,
ses fruits juteux, joufflus.
A l'intérieur
un univers  avec ses galaxies joyeuses, ses comètes joueuses à saute temps, ses planètes inconnues que l’on croque sans chagrin car ouvrant un  autre fruit,
on redécouvre ce monde intact
comme si jamais aucune dent n’avait mordu dans les soleils.


J’aurais pu me poser pour toujours dans ce monde mais le sable noircissait et je repris ma quête.

Je crus mourir dans le pays des montagnes d’eau et des vallées de pieds. Les habitants étranges de cette contrée-là semblaient obnubilés par une seule idée : parvenir au sommet.
Quand je dis étrange… il s’agissait de pieds, plus ou moins beaux. Certains - pour le peu que j’aie pu me pencher sur cette étrange espèce -  étaient pourvus de quatre orteils, d’autres de six ou davantage, tous se piétinaient pour se trouver sur la ligne du départ vers le sommet d’une montagne immense et aquatique, dont les trombes liquides les repoussaient sans cesse.

Ainsi les premiers étaient les derniers et inversement et si ces pieds avaient pu crier au lieu de simplement piétiner, ce qui faisait déjà grand tapage, on aurait entendu dans la plaine alentour un hurlement immense.

Les rares qui parvenaient à se maintenir  en s’engluant dans la boue de tous leurs ongles et leurs orteils ne parvenaient hélas qu’à grimper de quelques mètres vers le faîte de cette vague énorme où devait se trouver un trésor, à en croire l’obsession des candidats.
Et de fait, sur le sommet de cette pyramide d’eau étincelait une neige ou était-ce une écume dorée par le couchant ? Je sais trop la vanité des biens de ce monde, aussi quittai-je sans regret ce pays de combats inutiles.


Ma route était parfois comme ces rubans que l’on ne sait dénouer.
Je sus que j’étais arrivé
à la présence à la fois lourde et apaisante de ce fleuve de silence par-dessus le silence.
Un lieux où grandir mon angoisse
l'ombre étendait ses longs bras
je me sentais dans la grâce
d’une nuit sans rempart.



Millet-1862-De--Mann-mit-der-Hacke.jpg

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M
http://www.priceminister.com/offer/buy/7247566/Edmond-About-Le-Roi-Des-Montagnes-Livre.htmlAh toi tu es dans bachelor ? C'est un feuilleton ? Hi hi hi ! LOL !Moi, c'est "Le facteur sonne toujours trois fois..." Je plaisante, j'ai quand même de l'estime pour Bachelard même si je ne vois pas de phénomènes au logis.
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R
Bachelard c'est mon poète philosophe comme Jankélévitchje ne m'en lasse pasen ce moment je suis dans l'eau et les rêvesavant dans l'intuition de l'instantdemain dans la flamme d'une chandelleje ne sais pas pourquoi cet homme me parle tant...la beauté de la langue, la poésie aussiet puis tu saisil ne fait pas toujours confiance en Freudpar contreJung...oui, là je suis en terre amiebisous mille...
M
Jean-François a bien de la chance que tu le fasses voyager ainsi.Lui qui avait la Hague à l'âme et le coeur sur la terre.Aimes-tu "Le roi des montagnes" de About ?Sur la musique de Grieg dans Pier Gynt...
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R
En vain j'ai cherché quelque chose de précis sur ce livre ce matin, non je ne connais pas du tout ce livre, mais vais chercher, si tu me dis que c''est un bon livre, en ce moment je suis dans Bachelard jusqu'au cou...Sinon, la musique de Pier Gynt, oh ouik, j'adore, tant de fois jouée en version quatre mains et un ou deux pianos avec mes grands élèves... Bisous ( j'espère que ça va marcher car cela se déconnecte lorsque je poste ma réponse auxc commentaires, trois fois que je suis obligée de re-rentrer mon mot de passe!!)
V
Que  c'est beau... je crois lire les Voyages de Gulliver ou ceux de Sindbad en version "poésie du 20e siècle".
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R
Merci ma belle, un peu de temps encore pour peaufiner les dernières lignes de ce petit contequi est très modeste au demeurantle plus beau dans tout cela est la toile de Millet.Bisous
C
Très beau ce texte pour mon retour de vacances. Merci des commentaires sur mon blog. Clémentine
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R
merci à vous Clémentine, c'est plaisir de vous retrouver, bonne rentrée donc (sourire)
M
Navrant, en effet, ce pays où tout le monde vise le sommet. Je comprends la fuite ! 
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R
oui, piétiner n'est pas un but dans l'existencegrimper non plusmarcher, même lentement, mais marcherMerci Marianne de la lecture...