Poésie, symbolique du monde, les quatre éléments, contes, écoute, accompagnement, musique

Métamorphose

 




La grand ville s’échappe
il y a bien les rues qui voudraient se fermer
piéger la foule tiède et ses ruisseaux de nacre
il y a bien le port
et la lumière au coin des rires cabossés
et puis tous ces enfants que ruisselle la pluie.



Le tien est immobile
un reste des moissons poussant dans ses cheveux et le regard tranquille
de ceux qui ont connu la loi des marécages.


Tu ne ressembles pas à ces vierges anciennes
qui offrent aux passants la vertu de leur gosse
assis dans les plis bleus de leur jupe figée
tu n'offres pas ton pied mignon sous la falaise
des pans tombant si droit qu'on dirait que la mer
n'en lèche plus le sel

Il y a dans tes yeux
cette étoile des bois étincelants et frais
que porte sur son front le chevreuil ébloui
d'un désir de soleil et de cendre
quand il court
éperdu
entre amour et battue
dans l'herbe à peur blanchie

Tu ne dis rien
mais ta patte un peu folle a prononcé la rue d'un accent étranger
 son ergot qui renaît
sur les pavés glissant l'autre calligraphie
le sang coule déjà aux pensées du petit

Tu ne dis rien mais je devine
à ce frisson qui court le long de ton échine
lorsqu'un homme te frôle ou simplement caresse
insolent ta crinière
les cris d'oiseaux blessés qui t'ont tenue si droite
quand ton flanc était près d'abandonner sa rage aux griffes de la bise



tu ne dis rien mais je devine
le rendez-vous manqué par-delà les collines
 ton loup qui s'en venait
naïf
caresser ton museau de chienne boiteuse et noire

vos hurlements
l'espace déchiré
cette nuit-là ne voulait pas d'entorses
cette nuit-là voulait
arracher sa fourrure à quelqu'un

Alors tu as couru
pour retrouver ceux qui...

Courir, aimer, mourir
indifférente aux cycles

 courir aimer mourir
les gestes étriqués comme entravés de peau
et l'incarné trop franc trop pur des cicatrices
courir aimer mourir
aider l'effort du vent épouillant ta pelisse
séchant tes muscles nus
redressant ton galop
 

oh belle ! qu'attends-tu
dans la foule nacrée
sous la pluie qui ruisselle?




Retour à l'accueil
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
B
Quelle tristesse que ce beau poème n'ait pas été davantage lu. J'espère que vous reviendrez vite? Ne vous laissez pas envahir par l'envie de vous dissoudre et de disparaître. Debout, comme vous dites par ailleurs, debout, droite, debout Viviane.
Répondre
R
Merci Bernardtoute erreur humaine contient en germe sans doute de beaux bouquetsje crois en cela très fortet me consacre à pardonner entièrement pas seulement du bout des lèvres et des motsdu coeur entierque le pardon soit comme un sermentdeboutouipour le moment fatiguée mais le jour où je ne me relèverai pas c'est que (sourire)merci
L
La première strophe me parle énormément, j'ai quelquefois cette sensation d'être piégée au milieu de la foule aux mille sourires crispés.  Loin des villes les regards sont plus avenants, la peau plus lisse, il me semble  que la rencontre y est plus facile dans la disponibilité de l'esprit..J'ai aimé
Répondre
R
Merci Lutin d'avoir aimé, cela me touche infiniment tu sais, bien plus que mes mots ne savent dire...
C
Si elle attend trop, elle risque se flétrir. clémentine
Répondre
R
Elle attendra le temps qu'il faudra (sourire)merci Clemet puis le sort des fleurs est de mouriraussi...
J
Ne l'aviez - vous pas déjà posté? Il me semble qu'il a bougé et en bien.
Répondre
R
Oui, je l'ai retravaillé en suivant les conseils de deux amis, merci Joubert.
A
Dans la foule nacrée , sous la pluie qui ruiselle, j'attends ... j'attends les autres ... encore ... encore ... encore ...
Répondre
R
merci Annick de ta visite.