Poésie, symbolique du monde, les quatre éléments, contes, écoute, accompagnement, musique
Par Viviane Lamarlère
Tremblant d’être nommé
par quelque loi montant
à cru
de la forêt
l’un des leurs est tombé
La cohorte tendue hésite un peu
reprend sa marche
ils ne laisseront pas aux blés bouillis de gel
le rêve qui les porte depuis l'aube
et même si les cris de l'homme mis à terre
même si le paysage est tout cerné de plaies
ils ne laisseront pas monter en eux les questions qui taraudent
Ils auraient dû rester aux gestes ébauchés dans la tiédeur des pierres
le mystère du lait qui réchauffait leurs paumes
Ils auraient dû rester à la table creusée
d’immobiles eaux sombres matins cachés
Ils auraient dû rester dans le regard des femmes
dans le sourire en barque en berceau mémoire d'ambre
Plus haut
sous ce futur tout proche où s’enfoncent leurs pas
ça fait trois fois déjà
un chiffre qui fait peur et donne du courage
ils s’y rendent à pied car les chevaux ne veulent
œil blanc qui flotte entre les cils
ils s’y rendent à pied en se comptant des fois
que l’un d’eux n’en reviendrait pas
mais leur cœur éparpille jusqu’en bas du vallon
les mots imprononçables
les mots comme une étrave
les mots comme un bateau qu’on ne voguera pas
Non cette odeur non cette
odeur non cette odeur non
notre odeur non notre odeur
Plus haut dans les roncées labourées de silence
leurs chiens se noient déjà
dans le piège
de ses yeux
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