Poésie, symbolique du monde, les quatre éléments, contes, écoute, accompagnement, musique

La biche à l'envie rouge




       Tremblant d’être nommé
par quelque loi montant
à cru
    de la forêt
  l’un des leurs est tombé

La cohorte tendue hésite un peu
reprend sa marche
          ils ne laisseront pas aux blés bouillis de gel
le rêve qui les porte depuis l'aube
et même si les cris de l'homme mis à terre
même si le paysage est tout cerné de plaies
ils ne laisseront pas monter en eux les questions qui taraudent

La biche à l’envie rouge a rencontré le feu
  et le vent apeuré s'est enfui de l’éteule

Ils auraient dû rester aux gestes ébauchés dans la tiédeur des
pierres
le mystère du lait qui réchauffait leurs paumes

Ils auraient dû rester à la table creusée
d’immobiles eaux sombres matins cachés

Ils auraient dû rester dans le regard des
femmes
dans le sourire en barque en berceau mémoire d'ambre


Plus haut
sous ce futur tout proche où s’enfoncent leurs pas
    ça fait trois fois déjà
un chiffre qui fait peur et donne du courage
    ils s’y rendent à pied car les chevaux ne veulent
œil blanc qui flotte entre les cils
    ils s’y rendent à pied en se comptant des fois
que l’un  d’eux n’en reviendrait pas
mais leur cœur éparpille jusqu’en bas du vallon
les mots imprononçables
les mots comme une étrave
les mots comme un bateau qu’on ne voguera pas

Non cette odeur non cette
odeur non cette odeur non
notre odeur non notre odeur

Plus haut dans les roncées labourées de silence
leurs chiens se noient déjà
dans le piège
de ses yeux




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M
<br /> <br /> Ah, j'aime à lire votre poésie, sans me poser de question, la prononcer à voix haute pour mieux entendre la musique de vos mots.<br /> <br /> <br /> Belle journée à vous Viviane<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
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R
<br /> <br /> Merci Miche, la musique, c'est ce qui nous console ;o))<br /> <br /> <br /> <br />
A
Comme toujours on lit avec plaisir ; tes mots suggérent et sont doux pour une activité, un loisir, une passion ???  qui elle, ne l'est pas !
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R
Une passion qui dans la région bloque les administrations environ deux mois... tout de même!Mille merci Annick de la lecture qui fait vraiment plaisir;
O
Je me perds avec délices dans tes mots. Je t'embrasse
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R
Merci Orchis, tous les jours suis venue et n'ai rien vu depuis des joursalorsj'essaierai demainpour me perdre à mon tour. Baisers aussi.
L
C'est magnifiquele poème m'a emporté dans des lieux dont j'ai perçu toute la réalité et mêmeau-delà des parfumscette odeur un souffle qui fait écho à nos bois de Lorraineoù les pelages fauves sont sens cesse sur le qui vive
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R
merci Luc, le rouge me monte au joues et je vais me cacher ;o)il a encore besoin d'être travaillé sur l'entameoui, c'est si beau de croiser un chevreuil sur une routesi majestueuxqu'elles restent attentives ces bêtesque nos forêtes soient traversées de leur lumière rousse
R
De circonstance. Les coups de feu pleuvent près des labours ces jours-ci. J'ai vu faire. Une biche éventrée les yeux ouverts. Même à la sauce romantique, Raboliot ne m'aura pas. La chasse au 21e siècle n'est que tuerie.
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R
Bien d'accord, et ce que tu décris ressemble tant à ce que je vois de massacres chez nous, où ils tirent sur tout ce qui bouge. il y a peu, j'ai suivi en voiture, au pas, un faisan magnifique qui attendait sans le savoir de se faire tuer à bout portant par ceux là mêmes qui l'avaient élevé, vers lesquels il allait chercher une grenaille d'une toute autre nature... descendue pour le prendre et le sauver, il est parti dans les fossés. C'est honteux ces chasses.