Poésie, symbolique du monde, les quatre éléments, contes, écoute, accompagnement, musique

La solitude du Christkindel


 Un article publié l'an dernier que je remets en ligne
car toujours et encore d'actualité...


Depuis le quinze novembre dernier, les bourgades alentour sont grimées de guirlandes dont les couleurs violentes et de mauvais goût et la prodigalité me donnent le blues.

Ce qu’elles soulignent ne me réjouit pas l’âme, ne réchauffe pas mon cœur.
Je me souviens en Afrique, il n’y avait pas tous ces tralala de loupiotes et de lampadaires. Nous voyions la Croix du Sud ou la croix d’Agades, selon l’hémisphère où nous nous trouvions, illuminer la nuit et tant d’autres étoiles que nos ciels chauffés à blanc par les lampes citadines semblent avoir avalées.

Alors rencontrer une nostalgie de même nature chez un auteur en cette saison, cela fait se sentir moins seule.

Nostalgie ou coup de colère ? Mémoire vivante surtout. Mémoire des aubes pures, des fleuves où mûrissent fièvres et palais. Mémoire des traditions perdues et révolte contre celles qui nous sont inventées de toutes pièces ( de monnaie ) pour remplir les coffres du commerce.

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Oui, j’approuve cette lettre ouverte que Pat Thibaut, encore lui, a écrite aux Alsaciens et bien au-delà.
Cet enfant roi qu’il nous raconte
dont la naissance remonte
au XVI ème siècle pour remettre un peu d’ordre
dans le temple et ses marchés juteux
… je ne vous dirai pas la suite.

Cet enfant Roi qui est-elle ? L’évocation de Wotan au tout début du délicat ouvrage si poétique qu’il signe à nouveau nous donne quelques pistes. Les légendes de l’or du Rhin ne sont pas très loin.
Mais les hommes n’aiment pas ce qui est léger, transparent, baigné d’une lumière intérieure dont les volutes disent la profondeur de l'évoqué. Les hommes aiment le voyant, le clinquant, la superficie douteuse.
Partons donc en voyage au pays des légendes, des croyances,  d'une saine et vivifiante colère contre un monde qui oublie ses attaches lointaines, un monde où tout se vend s’achète et où les lumières d’occasion empêchent de goûter la pleine et lente présence du ciel et du temps.

Quelques images donnent une idée du sens de la mise en scène, de la vigueur du pinceau de Pat Thiebaut.
Les oppositions de couleurs sont majestueuses, le texte acéré, travaillé à la virgule près, d’une grande poésie.
C’est un livre pour petits et grands dont on ne cesse de découvrir la profonde unité qui règne entre chaque page. Pour exemple la manière dont ce visage enfantin aux cheveux d’or dont on ne voit que les grands yeux s’agrandit de page en page et dont la forme de la chevelure va se muer soudain… en la forme de la moustache de Wotan. Voyez la chevelure de cet enfant s'enrouler sur son avant-bras droit, en écho à la vague que dessine la moustache de l'immense dans son  ombre. Oui, enfant des dieux du Nord, il reste vestige en elle de ces temps-là, pleins de fureurs et de mers.

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Le contraste entre cet or nuancé de chair et de blanc et le bleu bronze du Dieu des dieux, contraste rehaussé par le noir de Munnin, compagnon ailé de Wotan et symbole de la mémoire dont les ailes volent de page en page, est de toute beauté. Je crois que c'est ma page préférée, tout y est courbes, mouvements, sève que rien ne fige.

Pour exemple ces ciels bleus tout en transparence où se devinent dans la nuit un peu brumeuse d’autres clochers, d’autres villages. J'ai adoré me promener sur ce clocher aux détails ciselés de givre, ces nuages sans aigreurs qui se déchirent doucement, ces toits recouverts d'une neige que l'on pourrait presque saisir tant le modelé tout en transparence en donne idée de l'eau et du froid qui la composent.

DSCN0016.jpg

Quelques lignes en voix


dewplayer:http://s3.archive-host.com/membres/playlist/1543578952/Christkindel.mp3&

A
vec tous mes remerciements à Pat et mes voeux à ses enfants de poésie et peinture que vous pourrez vous procurer
en écrivant à Pat Thiébaut
cfoulesfeesktumfais@yahoo.fr








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N
j'aime beaucoup les illustrations de ce livre les tons sont magnifiques (à acheter dès que je peux ) . j'ai même cru reconnaître le Kappelturm d'Obernai où j'ai habité 18 ans et peut être croisé ce monsieur (jétais cliente à l'alsatia et fréquentais souvent le quartier de la cathédrale qui était mon lieu de promenande préféré à Strossburi !!! En ce moment je cultive la nostalgie en cuisinant des "lebkuchen"  pains d'épices et des "ZIMTSTERNE" pour cultiver la nostalgie pour les fêtes en Lorraine( mais nous irons le 2 en Alsace reconduire Stéphanie à l'aéroport) Je suis bien d'accord sur le clinquant excessif des décorations de certaines maisons et villages ?. Le trop est l'ennemi du bien on le sait parfaitement  J'ai regardé des émissions canadiennes de déco où ils font de très jolis décors dehors devant les maisons (tradition anglo saxonne ) Bon week end à toi Divine amie !
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R
<br /> C'est super sympa ce que tu partages là, plaisir de recevoir ce témoignage de vie<br /> dis moi, essaie un jour prochain de nous donner ces recettes<br /> en mots et en images<br /> tu sais comme je suis gourmande( et les miens donc!!! )<br /> et amoureuse d'exostisme<br /> et l'Alsace, c'est déjà un autre monde...<br /> Bisous Nicole et tous mes voeux.<br /> <br /> <br />
L
Les livres de notre enfance nous ont laissé à mon homme et moi des souvenirs très vifs, qui sont revenus à la naissance de notre fils. Mon homme a fini par retrouver son livre fétiche d'occasion en farfouillant sur le net, il était fébrile en ouvrant le paquet, et le lit à son fils avec gourmandise ! Et moi je le cherche toujours, une édition cartonnée grand format regroupant tous les Barbapapas, y compris des histoires qu'on ne trouve plus aujourd'hui, même en album séparé ! Nous sommes tous deux de grands lecteurs et je pense que ces albums d'enfance y  sont pour quelque chose...Sinon, pour les décos, je doit reconnaître que j'apprécie autant les guirlandes lumineuses; quand elles sont bien dosées, que la lumière des bougies, des étoiles (nous avons la chance d'habiter dans un "coin noir" de la France), en fait tout ce qui est lumineux. Pour moi, Noël va de pair avec la sainte Lucie, fête de la lumière, et son symbolisme premier est celui de la lumière qui peu à peu va reprendre le pas sur la nuit... Mais il est vrai que trop d'étalage nuit, et j'abhorre les grands magasins et centres commerciaux, surtout en période de fêtes...
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R
<br /> Nous sommes donc tout à fait d'accord. Une bougie, c'est si beau. En Afrique, nous posions des bougies dans des pots de yaourts en verre le long des fenêtres. Et je<br /> le fais dans la maison.<br /> des municipalités commencent à prendre conscience de la honte que sont ces dépenses énergétiques en regard de la pauvreté de tant de personnes<br /> tout comme toujours est question de mesure et d'équilibre...<br /> les barbapapas ont charmé nos enfants<br /> je suis certaine que tu les retrouveras<br /> merci en tous cas de ton témoignage empli de vie<br /> <br /> <br />
A
Elle sont magnifiques les images de ce livre, j'aurai bien envie de rentrer dedans . Je déteste les fêtes  pour beaucoup de raison mais je ne peux pas m'empêcher d'admirer ces décorations, celle de notre mairie est mons illuminée cette année et n'est que plus belle encore. Bises Viviane
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R
<br /> Tu sais, hier je suis passée devant le centre de notre village... Quelle horreur, c'est de pire en pire, couleurs violentes, accumulation de lumières, comme si dans<br /> cette municipalité pourtant de gauche, on voulait " faire semblant de croire encore à quelque chose"<br /> Alors je comprends que pour les enfants ces illuminations soient merveilleuses, mais elles durent depuis la mi novemebre et ne s'éteindront que fin janvier. Est ce raisonnable? je ne le crois<br /> pas.<br /> Merci d'avoir aimé ces jolis illustrations, elle sont de lumière vraie<br /> Bisous<br /> <br /> <br />
C
Perso. J'aime bien les décorations dans les villes. Par exemple, quand je reviens de mon travail à pied, il me tarde d'atteindre un petit parc. Les arbres sont illuminés. Je m'imagine des hommes de lumière venus d'un autre monde. Et plus loin, il y a les étoiles. je trouve cela très très beau. Et quand je pars un peu en retard, les hommes de lumière sont bleutés.. comme un clair de lune et je sens le froid.. je me dis que les hommes de lumière sont toujours là. Mais qu'il n'y a peut-être que moi, qui voit cela.. que veux tu, je suis comme ça.. clémentine
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R
<br /> Mais c'est très bien si tu les vois ainsi, cela prouve que tu es emplie de poésie, de mon côté, cela m'exaspère car je ne lis à travers les ampoules colorées que<br /> les dépenses somptuaires alors que aprtout on nous dit qu'il faudrait réduire notre consommation d'énergie<br /> <br /> Bisous Clem, le monde est riche de sa diversité.<br /> <br /> <br />
E
Chère Viviane, merci pour ce retour de lecture , à te lire non seulement je me sens moins seule ( enfin, je me sens rarement seule, seulement quand ma vue est au plus bas :-) mais accompagnée et d'une compagnie trés féerique ... Voilà longtemps que je voulais t'en témoigner. Ton regard est trés précieux pour chacun, chacune , pour ce monde et pour les autres. Merci et mes meilleurs voeux pour cet ouvrage !
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R
<br /> C'est vraiment adorable, Elise ( et pour l'humour aussi de la vue basse,<br /> je connais ces jours là où l'on se ramasse d'une porte à l'autre<br /> en étant à la fois la pelle et le balai et la poussière grise)<br /> <br /> Ces livres sont un délice et celui qui les écrit aussi, j'en profite pour dire que je rêve de toucher un jour tes belles céramiques, qui sait, lors d'un prochain voyage à Paris?<br /> <br /> <br />