Poésie, symbolique du monde, les quatre éléments, contes, écoute, accompagnement, musique

Le barbier de Sibérie


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Si vous saviez combien j'ai hésité avant d’oser ce que je tiens pour un des exercices les plus périlleux qui soit:

le coup de cœur pour un film.

Celui-ci est un vieux film - dix ans déjà ! - sans autres prétentions que nous distraire et nous émouvoir avec une belle histoire bien filmée et remarquablement interprétée.
Il fait partie de ceux que je revois sans me lasser .
   
J'ai horreur de m'ennuyer au cinéma, et si j'en sors n'ayant rien compris, du moins aimé-je avoir été charmée, surprise, envoutée, amoureuse des héros, de la musique et de l'histoire.
Tous les genres me sont bons; thriller, histoire, science fiction, horreur, humour, saga romantique, documentaire.

    ***
Ici, tout commence par Mozart et ce merveilleux air
extrait des Noces de Figaro, qu'écoute dans son campement une jeune recrue américaine, au grand dam d'un officier un peu rude et ignorant du génie musical.

Pendant qu'il explique à un supérieur obtus les subtilités mozartiennes, la mère de ce jeune homme au tempérament gentiment rebelle lui écrit une longue lettre afin de lui révéler le nom de son vrai père et se libérer du secret de celui qui fut le seul amour de sa vie …

Et tout recommence alors quelques années plus tôt, en Russie, par ce même air de Mozart que chante un des cadets de l’école militaire du Tsar alors que lui et ses compagnons empruntent le train qui les ramènera vers leur caserne.

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L’un d’eux, le superbe et joyeux Andreï TolstoÏ, incarné par Oleg Menchikov, monte  dans le compartiment d’une très jolie jeune femme dont il va tomber éperdument amoureux ( je suis le même jour tombée amoureuse d'Oleg... d'ailleurs...)
Avec cette jeune Américaine libérée et peut-être ... cynique? il va - le temps d'être récupéré par son supérieur - partager quelques fameux couplets d ’opéra mais aussi quelques funestes coupes de champagne…


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Bien sûr ils se reverront, bien sûr ils vont se chercher, s’éviter, s’aimer. Je ne vous en dirai pas davantage, car ce film à la fois romantique et drôle, à la fin si poignante, vibre tout entier de l’âme Russe telle que je l’aime à travers sa si généreuse et sensuelle langue.

D’aucuns ont pu reprocher à cette fresque à grand spectacle de célébrer sans fard un retour à la Russie des Tsars, une critique sans détours de la révolution. Et il est vrai qu'elle nous semble bien superficielle cette cour qui ne vit que de bals, de banquets et de cérémonies pompeuses en l'honneur d'un bien capricieux Tsarévitch  alors que grondent sous les porches les prémices de la révolte. Mais, si on y regarde de plus près, qu'en est-il aujourd'hui du petit peuple russe toujours lésé, après les années goulag et le basculement dans le capitalisme le plus sauvage?

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On fait toujours de mauvais procès aux films aimés du public. Celui-ci, sans snobisme, sans autre desseins que nous faire rire, peur ou pleurer, celui-ci réussit tous ses paris.

Difficile de résister à ces cadets davantage préoccupés de faire sonner l'épée ou se mutiner que de leur avenir.

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Difficile de rester de marbre devant la désopilante scène de cirage de la salle de bal :

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La gorge se serre d'émotion en écoutant la vie tragique de l'héroïne, en découvrant peu à peu ces deux êtres que pousse l'un vers l'autre une passion hors du commun que tout s'acharne à empêcher, et on reste ébloui par la mise en images de cette grande beuverie de Noël aux allures d'un tableau de Jérome Bosch, au cours de laquelle un  général ivrogne va dévoiler sa vraie nature.

L’image est somptueuse, la musique enlevante, complètement russe et dans la lignée narrative et orchestrative d'un Tchaïkovsky ou d'un Katchaturian, les scènes cocasses alternent avec la tendresse vraie.

Le film tout entier est porté par les quatre personnages principaux, la douce et subtile Julia Ormond, Oleg Menchikov qui va brutalement passer du lutin émerveillé qu’il était au tout début à un homme consumé par le destin et dont nous voyons le visage se défaire, vieillir sous nos yeux, se vider de sa substance

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Richard Harris en inventeur fou et sans scrupule au bord de la faillite et puis ce général Radlov, magistralement interprété par Alexeï Petrenko, dont la stature, la gouaille, la rondeur font pour notre bonheur une ombre jubilante, naïve, entière, passionnée, stupide, chaleureuse et violente à la fois à un autre fameux général de notre enfance, Dourakine ( Dourak en russe signifie «  imbécile »)

Vous trouverez ici quelques extraits de ce film tout public, entièrement composé pour les amoureux de belles histoires d'amour - même si son caractère mélancolique en cette Saint Valentin n'est pas tout à fait de circonstance - j’espère qu’il vous fera comme moi passer du rire au larmes et des moments intenses .


    Le barbier de Sibérie
  de larges extraits en Russe





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