Poésie, symbolique du monde, les quatre éléments, contes, écoute, accompagnement, musique
Une mise en abyme d'un certain Michel Eyquem de Montaigne
et du sieur Sarkozy
Il y eut en France de grands hommes d'état, conscients de leurs responsabilités, assumant leur charge dans la dignité, la discrétion, cette évidence que l'on ne peut mener le destin d'un pays ou simplement d'une ville sans alterner action et temps de méditation.
Montaigne était de ceux-là. Qui s'accordait à un rythme binaire: un temps pour les affaires de ce monde, un autre pour la promenade en soi.
Comment ne pas être tenté, alors que la presse regorge de photographies d'un président français agité comme un ludion et toujours camouflé derrière ses lunettes noires, d'opposer celui qui a écrit de si belles pages sur le travail intime de levée du masque, et celui qui estime que tenter de se connaître est une absurdité?
Le premier, en grand diplomate et en des périodes très sombres, reliait le catholique Henri III et le protestant Henri de Navarre de son écoute et sa fidélité .
Le second ironisait il y a peu, insouciant des conséquences diplomatiques de ses propos:
"Comment peut-on être fasciné par ces combats de types obèses au chignon gominé ? Ce n’est pas un sport d’intellectuel, le sumo!"
Aujourd'hui ses prises de positions saugrenues (au minimum ) atterrent ceux dont il a charge de destinée, qu'il s'agisse de ses élucubrations autour de la pédophilie, ou de ses maladresses indignes d'un politique responsable, telles :
Je crois qu'on ne fait pas n'importe quoi avec l'homme, qui n'est pas une marchandise comme les autres
Sagesse du politique gascon qui refusa de devenir conseiller à la cour d'Henri IV, préférant - à l'instar du sieur de Sainte Colombe - sa campagne et sa librairie aux fastes qui entourent toujours le pouvoir.
Folie de celui qui se flatte de conseillers encore plus fous que lui et gaspille sans honte les deniers de l'état en voyages ou décisions somptuaires et iniques.
« Je n'ai jamais reçu bien quelconque de la libéralité des rois, non plus que demandé ni mérité, et n'ai reçu nul paiement des pas que j'ai employé à leur service (...) Je suis, Sire, aussi riche que je me souhaite. »Que sais-je ? disait Montaigne
Je sais tout ! dit l'autre
Le premier n'envisageait l'accès au savoir qu'à travers l'exemple, la culture de l'esprit critique par les humanités, loin de toute pédanterie, il déniait avec une grande avance sur son temps toute valeur formatrice aux connaissances entassées par force dans l'intelligence encore vierge.
Pour le second, que l'on surprend parfois à faire le signe de croix dans des réunions officielles, seuls les prêtres seraient à même de transmettre les valeurs, oublieux des maîtres et des parents et inconscient de la portée de ses propos dans un état dont il défend âprement par ailleurs l'ancrage laïque...
Relisant avec attention cette oeuvre aimée entre toutes
je me suis amusée à opposer les pensées de l'un
et les non pensées de l'autre...
cela m'a donné le blues mais je vous livre tout de même le résultat.
Michel de Montaigne
" Qui se connaît, connaît aussi les autres, car chaque homme porte la forme entière de l'humaine condition ». (Livre III, chapitre 2)
L'autre
confiant à Michel Onfray dans la revue Philosophie qu'il n'avait
Rien entendu de plus absurde que la phrase de Socrate " Connais toi toi-même"
Michel de Montaigne
« J'accuse toute violence en l'éducation d'une âme tendre, qu'on dresse pour l'honneur, et la liberté. Il y a je ne sais quoi de servile en la rigueur, et en la contrainte : et tiens que ce qui ne se peut faire par la raison, et par prudence, et adresse, ne se fait jamais par la force ». (Livre II, chapitre 8)
Je voudrais aussi qu'on fut soigneux de lui choisir un conducteur, qui eut plutôt la tête bien faite que bien pleine." (Livre I, chapitre 25 )
L'autre,
désinvolte de ce soin dont parlait Montaigne,
qui s'apprête à " confier la mémoire d'un des 11 000 enfants français victimes de la Shoah à tous les enfants de dix ans."
Michel de Montaigne
dont les phrases ourlées disent tout l'amour de la langue française mais aussi la sincère préoccupation d'aller vers un lecteur exigeant, se donnant à sa lecture comme lui même s'est donné à l'écrire. Que les souffrances intimes, physiques ou morales rapprochaient toujours de la versatilité du destin voire de la chute de tout homme, auquel il s'identifiait si aisément...
L'autre
plus soucieux que ses concitoyens s'identifient à lui que de les comprendre, épris en apparence que les français le deviennent encore davantage à travers l'excellence de la pratique de notre belle langue mais qui disait lors d'un meeting :" J'ai connu l'échec et ai du le surmontrer"
Michel de Montaigne
« Je me fais plus d'injure en mentant que je n'en fais à celui à qui je mens ». (Livre II, chapitre 17)
" On ne réconciliera les Français avec la politique que si les hommes politiques sont irréprochables.
Irréprochables dans leur comportement personnel.
Irréprochables dans leur comportement politique."
Michel de Montaigne
jamais aussi heureux qu'en conversation silencieuse avec ses chers proches vivants ou disparus, ou simplement avec son " soy"
« Puis que ce n'est par conscience, au moins par ambition refusons l'ambition ; Desdaignons ceste faim de renommée et d'honneur, basse et belistresse, qui nous le faict coquiner de toute sorte de gens » (Livre III, chapitre 10)
L'autreMichel de Montaigne destinait ses Essais au cercle restreint des proches et du lecteur patient et aura ainsi atteint à l'universalité. Cette superbe quoique modeste demeure où vécut la Boétie à Sarlat restera à jamais attachée à leurs conversations de gentilhommes
annonçant dès le soir de son élection qu'il envisageait une retraite de quelques jours dans un monastère avant sa prise de fonctions, et que l'on vit se pavanant sur un yacht, défiant la pauvreté galopante de notre pays, entouré de tout ce qu'il peut compter de clinquant et friqué.
Quant à celui qui a des prétentions à régenter le monde entier, tape sur l'épaule du pape et fait la bise au tout-Paris, quel lieu lui restera associé à défaut que lui-même reste dans l'histoire? Sans doute celui-ci...
Sens de l'honneur, de la parole donnée, de ce qu'être choisi par le peuple signifie, où estes vous passés?
Les Essais de Michel de Montaigne
Musique au temps de Montaigne
La Morisque de Susato
et
Matona mia cara de Roland de Lassus