Poésie, symbolique du monde, les quatre éléments, contes, écoute, accompagnement, musique
Elles ont cheminé avec lui tout du long de sa vie de peintre, écrivant avec tellement d'intensité le parcours de l'homme et celui de l'artiste, que je n'ai jamais su lesquelles aimer.
Aussi les aimé-je toutes.
Elles ont chacune un quelque-chose à dire et pour la première d'entre elles, cette profondeur de l'espace, la vraisemblance des nuées annonçant la nuit, le souffle léger que l'on entend dans les ramures, cet or du couchant porté comme une torche que le vent essaîme. Que de quiétude ( ou d'inquiétude, selon...) en ce lieu simple et hors du temps...
Je ne connaissais pas cette palette sombre chez Vincent Van Gogh.
Dans la toile qui suit, elle m'a étonnée de son grain et du climat très romantique qu'elle fait surgir de la toile. On sait que Van Gogh aimait Jean-François Millet dont la palette d'ocres et de gris était à nulle autre pareille... Admirez ces arbres gardiens de Millet et cette enfant dans les bois de Vincent.
On trouvera - en ce qui concerne les maisons qui "racontent" - une belle filiation avec Vlaminck, grand admirateur de Van Gogh.
Le contraste entre les touches blanches de différente taille et l'ambiance très sombre est tout simplement une merveille.
Le toit aussi
promène ses cheveux blancs
ou peut-être la mort
vois-tu ses yeux, son cri, son livre déplié ?
La chaumière qui vient, que je me l'aime! J'imagine se concoctant derrière ses murs mille brouets de sorcières. Maison et cieux ondulant de concert et de contrastes.
Dans celle-ci, j'entends les voix de Gauguin et de Cézanne, et toujours cette vie qui courbe les bâtisses. Le ciel y est si intense dans ses variations de blanc bleuté, la verdure tellement exhubérante se fondant à la peau même des personnages dont les silhouettes semblent au bord de la décomposition, il y est si assuré que l'humanité sera un jour recouverte de prés
et que l'humain n'est qu'un entr'acte
Poursuivons notre promenade avec une maison qui nous rappelle l'école Russe.
Le trait noir ourlant la maison est très Kandinsky de jeunesse. Les arbres si fouillés si travaillés des débuts se réduisent à un trait sombre à peine ébauché, lancé comme une flèche et que disloque la mousseline vaporeuse du vert anis. Et toujours cette pâte étalée directement depuis le tube qui donne tant de dansité ( pas de faute d'orthographe) à l'espace, comme dans cette autre toile, Les saintes Marie de la mer
Pour terminer ce cheminement vers la lumière, deux toiles de petites tailles nées de cette période si féconde que fut son hospitalisation en service psychiatrique à Saint Rémy de Provence. La première n'est que lumière, musicale lumière éclaboussant la toile, féérie des nuances et du trait. Elle est ma préférée.
L'herbe ou la neige
ou l'herbe sous la neige
ou la neige sous l'herbe
un ciel mille soleils
La seconde me met très profondément mal à l'aise. Il y a pourtant une belle complémentarité de couleurs dans ce tableau, entre le jaune, le vert, le rouge vermillon, la tache bleutée du personnage au premier plan. Je ne perçois pas de joie à travers cette toile pourtant enfantine, dont les maisons chantonnent au rythme de la fumée qui s'échappe de leur cheminée. Et cependant, comme il devait tenir à ce qu'il souhaitait évoquer de son soleil du Nord...
Je n'en reçois que les rayons dispersés
en oiseaux sanglants comme un mauvais augure
et l'avant-toit nez de clown qui sait
rouge
que derrière le rire des enfants se cache...