Une escapade de deux jours les 1er et 2 mai derniers, pour aller soutenir notre ami Rafaël Monje qui présentait quelques pierres paysages lors d'une exposition internationale de Suisekis à Madrid, manifestation dont il remporta un des trois prix,
l'occasion pour nous aussi de visiter des lieux jamais rencontrés dans cette capitale où la famille de Michel vécut cependant douze ans et où deux de ses frères vivent encore,
et vous en offrir quelques étapes, billets de questionnements et leurs photos souvenirs .
Nous sommes partis avec les enfants et en voiture finalement car si le train a toujours eu notre préférence pour des raisons écologiques évidentes, cela aurait bien diminué notre autonomie une fois dans la capitale touchée par des grèves de bus et de métro ce jour-là.
Nous n'avons pu, nous approchant du pays Basque, nous empêcher de ce détour vers la forêt d'Iraty où des années durant, plusieurs fois par an, nous emmenions toute notre tribu passer la journée, tôt levés, tard rentrés et entre les deux... l'air pur, le partage de choses très simples comme un troupeau de belles vaches blondes paissant tranquillement à deux pas de nous, ou les gestes lents d'un pêcheur à la mouche ou simplement le chant de l'eau et le silence.
On devine ici ce qui fait l'enchantement de cette région:
le ciel un peu voilé
le soleil contrebandier qui illumine fugitivement au loin,
comme une pierre à quérir dont l'eau se dérobe à la main voleuse,
quelque falaise rocheuse ou quelque vallon muet.
La lumière qui glisse comme un navire entre les montagnes.
Sur notre route, une rivière, mille autres, certaines regorgeant d'eau, celle-ci plus timide mais envahie de mousse:
Mousse que nous avions tant apprécié l'automne dernier, habillant un vieux hêtre. La forêt d'Iraty est touffue de hêtres , et cela donne aux sous-bois une fraicheur et une limpidité extraordinaire.
J'aime beaucoup ce tronc tourmenté dont l'âge qui le porte, encore franc et robuste, ne semble endeuillé de rien. Et comme à côté de cet arbre habité semblent mortuaires ces pierres grises,
résidus de pont ou de contreforts tombés là
que les herbes attendent avec gourmandise.
Moins imposante mais toute en délicatesse, nous allons rencontrer cette fleur dont la blancheur des hélices nous fait penser aux éoliennes. Quelle sorte d'énergie fabrique cette fleur si ce n'est celle, si fine , de la beauté?
Enfin,
au milieu de ces aventures minuscules mais qui pour nous sont importantes,
un peu estourbie par un caillou de la rivière qui a roulé sur elle,
une salamandre.
Elle va rester sur mon bras le temps que les bâtisseurs de la famille reconstruisent son abri défait par l'eau roulant.
Je n'aurais imaginé que la peau d'une salamandre fût aussi douce au toucher. La seule que j'avais jamais vue enfant était congelée par l'hiver et un peu rugueuse, presque de bois déjà. Celle-ci tentera bien de se nicher dans mon cou, mais pour la photo elle a fini par se tenir en paix...
Hélas les meilleurs moments ont une fin et si nous voulons arriver pour le dîner à Madrid, même à l'heure espagnole, il nous faut reprendre la route, laisser derrière nous cette verdure et cette vie aux couleurs douces et fragiles dont les étranges oiseaux de Navarre n'entendront jamais rien. Ici, avant, il y avait des arbres et il parait que les singes rejoignaient les Pyrénées depuis Gibraltar de branche en branche...