Ne pas chercher à ne pas souffrir ni à moins souffrir, mais à ne pas être altéré par la souffrance. (Simone Weil, La pesanteur et la grâce, p.96 ) Nous ne possédons rien au monde - car le hasard peut tout nous ôter - sinon le pouvoir de dire je. Il n'y a absolument aucun autre acte libre qui nous soit permis, sinon la destruction du je. ( Simone Weil, La pesanteur et la grâce, p.35 ) Qui donc est mon vrai " je "? Celui de la vraie vie ou celui du virtuel? Mariage des deux sans doute.
Dans la vraie vie de chaque jour être attentive à l'autre m'est une urgence simple. Le langage du corps confirme celui des mots, leur donne assiette sûre, autorise cette ouverture qui est tension volontaire légère et toute emplie de tact.
Un visage qui pâlit, le regard qui se mouille, l'intonation de la voix, la posture générale, un parfum qui soudain se dégage de l'être. Tout parle. Tout permet d'ajuster son propre ressenti à celui que l'on voit, et déchiffre et comprend.
Lisant l'autre on se relit on se relie. La vie est là tout près, aux prières profanes la distraction elle-même devient une attention. L'espace dénoué de ce qui s'interprète offre à chacun son lieu. Sans failles trop douloureuses.
Internet et sa vierésumée si souvent aux signes qui le parcourent essoufflés, vides d'intonation, aux phrases qui n'aident point à atteindre l'esprit Internet est un piège pour qui est essentiellement empathique.
Car, dépouillée de l'aide considérable du langage non verbal, cette aptitude à entendre la sensibilité d'autrui peut en un rien de temps se muer en écoute scrupuleuse, égoïste et maniaque d'un code réduit au strict fonctionnel.
Je tombe alors dans l'attente que chaque chose soit à sa juste place et que les êtres soient ce que j'espère d'eux.
Dans ce monde aplati qui ne respire pas les défauts minuscules deviennent d'immenses crimes et cette partie de mon être qui en temps ordinaire s'ignorait meurtrière s'offre à des armes qu'elle ne savait porter.
Tout ceci s'exerce aux dépens du vivant et de son bienheureux désordre si attendrissant car je m'y reconnais surtout dans les faiblesses.
Ce miroir qui m'est tendu me montre sous les traits d'autrui qui ne sont autres que les miens étrangère que je ne sais plus entendre j'en vois tous les défauts, me reconnais partout et au lieu d'accueillir j'en deviendrais mauvaise. Grincheuse. Râleuse. Exigeante. Pitoyable...
C'est examen de conscience que je livre là, aussi honnête que possible. Retrouverl'élixir de jouvence d'un monde en épaisseur retrouver la grâce de l'accueil dans le virtu-réel et l'instant qu'on oublie.
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Chaque situation et l’outil internet est aussi une situation de<br />
communication, nous permet une autre découvrance des autres et donc de soi.<br />
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Je ne vous connais pas en dehors de ces échanges de mots Viviane, mais<br />
je sens cette sollicitude tournée vers les autres, aussi cette exigence de sincérité. Ces deux forces se rencontrent …<br />
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Tout cela se lit, aussi dans ce texte.<br />
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Deux années ont passé, des amitiés, des joies, des déceptions…<br />
nous n’aurons jamais fini de nous connaitre, et c’est bien ainsi, non ? <br />
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Ah oui, alors, la rencontre avec autrui, ce merveilleux voyage qui engendre tous les autres!<br />
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J
juliette
03/05/2011 11:08
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comme toujours un très beau texte, profond, qui creuse.<br />
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Internet n'est pas toujours décevant, on y fait de belles rencontres, on peut rêver<br />
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Amitiés<br />
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Merci Juliette, c'est un vieil article que j'ai remis en première page...<br />
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A
Anaïs
22/03/2009 21:49
Nous sommes toujours ainsi, entre la pesanteur et la grâce. Parfois cloués au sol par la souffrance, quand le corps devient si grave et pesant, et parfois arrachés à la pesanteur, le coeur à décrocher les étoiles, l'esprit dans les hauteurs, comme le voyageur infatigable de Nietzsche, qui contemple la vallée qui s'étend au loin...
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Nietzsche. Un chemlin en soi. " Et notre pensée sera comme un champ d e blés mûrs"<br />
Les si belles si pioouignantes lettres qui se terminent par " Moi aussi j'ai été continuellement crucifié "<br />
ou " Chabnte moi un chant nouveau: le mon d est transfigur&é et tous les ciexu se réjouissent. "<br />
Avez-vous lu Rosset? Grand exégète d ela pensée Nietzscheenne.<br />
En ce momlent c'est plut^pot oiseau fichjé au sol et les ailes coupées<br />
et il me tarde par moment que se déchire enfin l'enveloppe<br />
afin de rejoindre cette phrase : " Tu es cela " Tu es l'oiseau tu e sla terre tu es cela<br />
tant les va et vient en tre pesantteru et grâce<br />
en l'ange et le diable<br />
tout ce que mlajnorent les très lourds traitemetns que je reçois, les claques donbnéesd par l'existence et... la sensibilité intime (sourire)<br />
me pèsent chaque fois davantage<br />
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relire Spinoza... La joie.<br />
merci AZnaïs, pardonnez le reatrd à répondre , je déteste faire attendre, mais loà... indépendant d ema vo:lonté ;o)<br />
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A
alice
12/03/2009 10:57
Quand j'ai commencé internet, il y a une dizaine d'années, j'étais comme un zombie dans la vie réelle, ne voyant rien, n'entendant rien, et puis avec les communications écrites dans les forums, les ateliers, plus tard les blogs, j'ai vu qu'il existait d'autres rapports que les rapports de force entre les individus. Par le biais d' internet, j' aborde la vie réelle avec une autre vision de l'humanité. Je précise que j'ai eu une vie psychologique familiale entre autres très difficile.Le "je " en écriture sur internet a révélé mes faiblesses et mes forces, et au lieu "d'être altérée par la souffrance", je sais que je peux la surmonter.Internet est parfois un piège, et peut réveiller le pire en nous, qui ne demandait pas à exister. (perfidie, perversité) à moins qu'il ne dévoile le mauvais, et dans ce cas après longtemps, j'apprends à le reconnaitre. La pesanteur, l'épaisseur de la vie m'est venue par l'écriture et les lectures sur internet, m'ont incité à la cultiver dans la vie réelleMes relations avec les gens se sont développées (association).Mes intérêts dans la vie réelle ont pris de la consistance.Il reste à se détacher de l'écran pour vivre aussi.Merci Viviane pour cet article philosophique, je ne suis pas sûre de moi en philosophie !
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Ton commentaire est adorable et j'y sens une immense sincérité. Elle me touche infiniment.<br />
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Que sommes nous d'autres, sinon faibles, souffrants, et parcourus de sentiments souvent contradictoires? Humains en un mot.Et notre chemin ne peut être que d'apprendre à nous connaître, même (<br />
surtout ) dans nos facettes les moins flatteuses.<br />
Oui, tu as raison, les rencontres sur internet donnent souvent de l'épaisseur à la vie, l'important est ( je parle pour moi) de ne pas se tenir à la première livrée en mots, de ne<br />
pas tirer conclusions définitive sur les êtres dont éventuellement le comportement ou les propos nous dérangent. S'ils me dérangent, c'est que quelque chose en moi qui leur ressemble a été<br />
bousculé. Et je dois leur en tenir gratitude.<br />
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C'est, je le répète, vraiment adorable et frais ce témoignage de vie que tu m'offres, et tu sais, être sûr de soi en philosophie, c'est peut-être justement n'être pas très sage (sourire)<br />
Merci Alice. Mille fois.<br />
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C
clem
11/03/2009 21:09
je ne sais pas quoi dire.. je me suis vue quand j'aide les autres, quand je voyage avec eux dans leur monde et l'image est devenue floue.. j'ai voyagé à travers tes mots et je suis entrée dans ta maison (le monde vituel).. clem
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C'est gentil d'éprouver ainsi et sentir le flou.<br />
Qui sait quel diable se cache en nous, souvent (enfin, si on se regarde avec ... exigence)<br />
Merci beaucoup Clem.<br />
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