Poésie, symbolique du monde, les quatre éléments, contes, écoute, accompagnement, musique

Empathie





"Cet homme n'avait fait que m'écouter, mais c'est de lui que j'ai tout entendu."

A Claude B. , médecin , qui a guidé mes premiers pas sur le chemin de l'accompagnement des mourants.

Quitter la spirale de l'avoir et du paraitre pour celle de l'etre.

La première fois, on ne sait pas ce qu’on fait là.
C’est qu’il n’y a rien à faire, il suffit d’être.
Alors il faut s’asseoir.
A la juste distance, celle où l’on ne blessera personne.
Respirer au rythme de l’autre.
Attendre
les mots qui ne viennent pas, les larmes qui refusent de couler, se fondre dans le silence.


Et puis on se demande “Ai je le droit de toucher?”
Alors il faut oser prendre cette main qui quémande la chaleur de la vie qu’elle sent s’échapper, la caresser. Deux mains peuvent tout se dire, elles peuvent même faire l’amour une dernière fois.

Et puis on se demande “Aurai-je le courage de contempler si près le point où se courbe la vie? “
Alors il faut plonger dans le regard de l’Autre, reconnaitre dans ses yeux l’angoisse de l’inconnu, la peur de la douleur, le doute de tous les Dieux.

Et accueillir la haine, ce dernier stratagème pour mieux quitter ce monde qui ne vous retient pas.

Et accueillir les mots quand ils se laissent dire, les toutes dernières images que l’autre veut léguer.

Et serrer dans ses bras cet autre moi -même qui a déjà trouvé la clé de l’insoluble énigme

Car il est pour toujours entré dans l’essentiel.



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M
<br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Nous avons relégué la mort si loin, que nous considérons qu’elle n’est pas<br /> naturelle.<br /> <br /> <br /> Et pourtant, qu’y a-t-il de plus naturel que de naître, grandir,<br /> vieillir, et mourir ? Je pense que c’est encore naturel lorsque ce cycle se trouve interrompu...<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Rencontrer la mort en l’autre, c’est un cadeau de la vie<br /> ça !<br /> <br /> <br />  Vous le dites si bien, cela remet devant l'essentiel.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
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R
<br /> <br /> Mourir est une dynamique et c'est donc encore de la vie... Merci Miche de cet écho qui pense.<br /> <br /> <br /> <br />
A
Et accueillir la haine, ce dernier stratagème pour mieux quitter ce monde qui ne vous retient pas...Cette phrase me donne à réfléchir...Je n'ai pu accompagner aucun de mes proches soit parce que j'étais trop jeune (je n'avais pas 5 ans quand mon 1er grand-père est décédé) soit parce que j'étais absente lors de leur décès... comme si quelque chose m'empêchait d'être là, mais... Bon, là les mots se bloquent. Je voudrais dire, mais il y aurait trop à dire. Aussi   :-xBises amie ! Merci pour ce qui tu es.
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R
merci à toi Agnès de ce partage, c'est vrai que toutes les étapes du " mourir" qui est une dynamique et encore de la vie ont été bien répertoriées par kubler-Ross, la haine des autres et le rejet de monde sont si j'ose dire un passage " réussi" vers le lacher enfin  prise, l'acceptation...L'important est aussi de les accompagner dans le souvenir, c'est cela l'éternité, la vraie.
M
C'est sublime d'écrire ainsi, Viviane, je pense à toi
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R
merci Marlène, je te souhaite de rencontrer cette route là un jour, car aujourd'hui, tu vois, à choisir entre l"écriture à laquelle je tiens pourtant beaucoupet l'accompagnement, je crois que je vais revenir définitivement à ce dernier. Mille merci du partage.
M
Chère Viviane,Merci de témoigner de cette expérience humaine si particulière. Je suis émue. On est ici, ainsi que tu le dis, dans l'Essentiel. J'ai lu les écrits de Denis LEDOGAR - aumônier à l'hopital de Strasbourg-Hautepierre et prêtre accompagnateur  (La tendresse pour tout bagage). A travers son livre, j'avais été sensibilisée à ce que tu évoques dans ce beau texte. Sans doute, as-tu déjà lu ses publications et connais-tu sa philosophie (Seul l'Amour fracasse les tombeaux...).Mon profond respect pour toi et tous ceux qui se dévouent pour aider les familles à passer l'épreuve et ceux qui s'en vont à trépasser dans la dignité et la paix. J'étais trop jeune pour l'accompagner, mais le dernier message que nous a laissé mon grand-père maternel alors que l'ambulance l'emportait à l'hopital à la suite d'une hémorragie (cancer de la gorge), nous fut délivré en alsacien : "vertrawen eich bisame" (mes excuses aux puristes alsaciens pour l'orthographe !). Traduction : supportez-vous ou entendez-vous, ou accordez-vous, les uns les autres. En ces 3 mots, fut résumée l'expérience d'une vie entière. Plus ma propre vie passe, mieux je comprends le sens de cet ultime message.
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R
Ton témoignage me bouleverse à mon tour, Marianne. J'ai souvenir de cet accompagnement  "improvisé " de mon grand-père sur son lit d emort, j'avais treize ans, il ne m'a rien dit et pourtant... il m'accompagne à son tour.oui, ceux qui vont bientôt disparaître se sont défaits de tout ce qui nous entrave, l'orgueil, le refus d'accueillir l'autre, l'envie d'avoir raison( j'ai souvent envie d'avoir raison donc les critiques valent aussi pour moi), l'envie de posséder ( qui elle ne me concerne pas).C'est sans doute pour cela que ces cheminements me restent lumière, je n'attends rien de ceux que j'écouteils n'ont plus rien à prouvernous sommes dans notre nudité pour la dernière routevoilà, c'est simple en fait il suffit d'écouter.
O
Ce texte beau et courageux est admirable de bonté, de don de soi.
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R
Non, tu sais il n'y a rien d'admirable, c'est juste un chemin accompli et à continuer d'accomplir .C'est le seul lieu où je n'attende rien d'autre que de donnerl'écouteet le seul lieu où je me sente bienpeut-être parce que les malades et moi, que ces derniers soient condamnés ou pas par leur maladienous n'avons rien d'autre à faire ... qu'être.