Poésie, symbolique du monde, les quatre éléments, contes, écoute, accompagnement, musique
Tu t’étais mise en route
vers le simple appareil de l’aube ou de la mer
La terre était comme une barque tiède après la pluie
Au loin
le jour
ni bien ni mal
Et toi
passante que tordait la torche sans répit
de ces mains qui prétendent
tu hantais chaque puits fendu vers l'infini
la fleur ou la fêlure
toute chose qui meurt
de n'être plus nommée ou d'être trop cueillie
Marcher
membrane à rompre
Marcher
la crainte et la confiance à l’autre une serrées
Marcher
parce que personne ne doit infliger à la route
l'ignorance du pas qui pouvait cheminer
Parfois on croit ouvrir l'espace devant soi
et c'est le chemin qui vous traverse le ventre
Parfois la hâte à se lever est du pays d'avant
Chaque saison a ses sentiers
j'aime ceux où le pas s'enfonce souplement
dans le sable remué au grand peuple des traces
Mais la terre est devenue rêche
je n'y sens plus l'espoir des mois passés
lorsque se préparaient au loin les pluies qui bêchent
je n'entends plus que la mélodie
des petites choses blessées.
A-t-on cassé les jarres
des porteurs d’eau d’espoir ?
Sous mes doigts
quelques fruits sans réponse
J'y rêve l'or d'un seuil
une épaule
un geste de semeur pour arracher la nuit
Que le ciel ne soit plus labouré d'arbres nus
jusqu'à crever son coeur
tremblant et fauve
La solitude ce n’est pas gris ou noir
la solitude
c’est transparent sur un trottoir
Peut-être attendons-nous qu'on nous rende un guetteur
ignorant à jamais des mannes d'or et d'ambre
la tête en éventail
le cœur offert aux flèches
et puis
dans sa poitrine
un cri plus succulent que l’immonde torpeur
et pour tout vêtement la confiance en sa peur ?
Là-bas un reflet s'apprête
à sa rencontre avec une fenêtre
un regard
sa mort contre un volet qui ne l'attendait pas
Derrière les portes closes
que le vent du matin caresse de phrases courtes
la nuit d'une maison à l'autre
On a éteint les arbres
le sol est blanc comme un larcin au petit jour
Vite un soir d’oiseau vert
un bec qui me déchire
que ruisselle mon coeur entier vers la lumière !
Pourquoi ce chant d'oiseau
si bref
déchirant l'aube
te laisse t-il au ventre une telle sangle?
Il faisait clair encore
tout prenait sens
rien n'avait sens
que t'importait?
C'est comme si l'envol de quelques notes
avait percé à jour ton enveloppe vide
Et pourtant tu entends
de vert en vert emportant la campagne
en fleur le temps glisser
sur les tables d’hiver.
Toutes proches résonnent
des voix baignées dans l’eau de tombe
un dernier geste de la main
l’herbe écrasée du jour qui mord
Est-il un lieu
où mûrit en silence
le vert de la lumière ?
J'aimais ce rude hiver si différent des autres
son ciel pâle acharné
le froid qui éteignait les plis de mon jardin
Je n'insisterai plus
pour voir plus loin que mon talus
endormi dans ses herbes de grâce
Je n'insisterai pas
pour ranimer d'autres flammes
que celles de ces fleurs dont la fuite est promesse
et si douce l'absence
autour
comme un manteau
On dirait que la peur s’est abattue sur l’herbe
Elle a vieilli d’un coup
pendant que nous jouions
dans nos pas de décembre
avec les taches qui penchent.
Là-bas
une flambée de fleurs sauvages
quelques rondins de bois offerts
à la paresse du soleil
le tremblement des hautes herbes
le nid tombé
son oeuf brisé pour embellir
Là-bas
un mot qui me revient souvent
deux syllabes immobiles pour des chemins qui bougent
des bruits et des couleurs qui ne se verront pas
La vie
comme un serpent
vient éclater les pierres
Le Soleil ce matin se prend pour un peut-être.
Dans l'herbe qui se lève
la puanteur d'une ombre
le juste ça d'une nuque brisée
Une rencontre
est toujours un mystère
un lieu goûté sans preuves
l'offrande d'un exil
Il fait beau
les pâquerettes m'ont ouvert la poitrine
L'ombre de quelques arbres
est la dernière fleur de cet été sans eau.
Même l'heure est paillasson.
De ciel et de labours
se raconte le paysage
et la lumière est sa langue
Le bleu du ciel tout proche
d'une couleur profonde à nous serrer le coeur
et nos mains se tenant
heureuses comme un crime
au septembre du vent
Je suis si souvent envahie de doutes
que mon jardin peut être noir
d'une seule poignée de terre
que d'y répondre
Mon ignorance m'ouvre toujours à la bonne page...