A la manière de Baudelaire sur la contrainte d'un des titres de ses Petits poèmes
Quand on regarde au loin où dorment les tempêtes Que le cœur enclos dans sa cage, effrayé, On devine les anges, aux ailes endeuillées Repliés à la nuit que le vent déchiquette
On se sent seul et nu. Adossé aux vieux murs Fouillés de trop de sel déposé par la gueuse On essaie de se fondre à l'ombre graniteuse... Ô vagues enragées d'une faim monstrueuse Vous rongez mon futur.
Au-delà de la vitre il pleure quelques gouttes... On ne saura jamais les sentiments de l’eau Dans son épuisement à grimper au carreau, Surgissant des abîmes où le Diable doute.
On voit à l’horizon se former une boule. Elle hésite, grossit, se ramasse et se tait, Au ventre des nuées s’accroche et se repaît Des restes de naufrages que le reflux déroule.
Sous les assauts des vagues le vieux phare tient, Droit et fier. Il abrite cette âme dont la bise Éperdue, sarcastique, n'ébranle que l'assise: Elle s'est ressaisie, a dompté ses hantises Et compte si paisible chaque coup qui revient.
Pardonner chaque lueur qui bondit de la mer. Les claques répétées lui sont une compagne Tous deux en ont vu d'autres et tant d'autres campagnes Et l'eau finit toujours par glisser sur la pierre.
Le prisonnier du phare sait nous chanter l'enfer Aux notes ressassées les nuits de solitude Tandis qu' au loin n'accouche que l'incertitude Et ce soir elle est là, si vivante, la mer.
Merci à Jean-Pierre pour les corrections précieuses... et bienvenues!