Poésie, symbolique du monde, les quatre éléments, contes, écoute, accompagnement, musique
Par Viviane Lamarlère
Il était une fois, dans la lointaine pampa Argentine une enfant aux yeux gais et qui se croyait invincible.
-Tu es encore trop jeune pour affronter les dangers de l’existence, insistaient ses proches. Il te faut mûrir, observer les autres, t’éloigner lentement, explorer sans faire violence aux êtres ni au monde.
-Oui, oui, disait l’écervelée, qui était très sûre d’elle.
Et chaque jour revenait avec plaies et bosses et pleurait tout son soul.
Un jour, elle croise un vieux Cheval qui en avait vu des lieues et des lieues de sierra et de verts paturages.
-Veux tu que nous fassions une promenade ? Tu montes assez bien, je suis encore confortable...
Les voilà partis.
La nuit tombe vite sous ces latitudes. La jeune fille qui riait des paysages magnifiques est soudain prise de frissons en découvrant les ombres qui émergent de la terre et marchent à sa rencontre.
-Tu as peur ? Je te sentais pourtant si sûre de toi ? Qu’à cela ne tienne, je suis un peu magicien, nous allons faire revenir le jour.
Et le jour réapparait.
Mais au bout de quelques heures à marcher en plein soleil elle a soif.
-Tu as soif ? Mais tu semblais si sûre de toi que.. je pensais que tu avais emporté de l’eau? Qu’à cela ne tienne je vais t’amener à un puits. Mais tu me laisseras prendre le seau.
Elle ne l’écoute pas, se penche pour boire et tombe dans le puits.
-Tu es tombée ? Mais tu semblais si sûre de toi que je pensais que tu tenais fermement sur tes jambes. Qu’à cela ne tienne, je vais t'aider.
Il lui lance une échelle de corde et l'aide à remonter de cet abîme.
Elle remonte en selle, lui donne un coup de cravache.
-Tu es pressée? Qu’à cela ne tienne, marche toute seule, je rentre chez moi !
Sous quelque angle que ce soit
Si on refuse de savoir
Que l'on est fragile
Malheur à...
La voilà seule dans la pampa, sans eau, sans monture, au soleil qui décline et ramène les peurs. Elle voit une pierre où s’asseoir et à côté de cette pierre un gros œuf tout blanc.
-J’ai faim. Si faim. Et dire que je ne sais même pas comment fabriquer un feu. Je ne vais tout de même pas mourir ainsi dans la nuit.
Elle réfléchit longtemps, soupèse le beau fruit blanc rempli de ce qu’elle imagine déjà coulant dans sa bouche, mais dans sa hâte à tout connaître sans regarder ceux qui ont déjà de l’expérience, elle ignore même comment on casse un œuf.
Soudain elle saisit la pierre sur laquelle elle était assise et la jette sur l’œuf qui se brise en mille morceaux. Le beau sirop orange s’écoule dans les fentes de la Terre si sèche à cette saison là, car la Terre aussi a soif.
Il ne lui reste alors, dans une nuit qui s’annonce déjà fraîche, entourée de ces ombres qui regardent et n’en pensent pas moins qu’à laper humblement comme le ferait une bête le reste de crème orange mélée de poussière.
Arrive le cheval.
-Tu es contente de ta journée ?
-Non! Ne te moque pas de moi. Je n’ai même pas été capable de manger cet œuf alors que j’ai entendu dire que certains les gobaient.
-Oui, mais tu ne les avais pas regardé faire. Tu te pensais très forte, n’est ce pas? Plus forte que la nature, plus forte que l’expérience. Alors que tu es encore si fragile. Vois-tu enfant, médite ceci :
Si la pierre tombe sur l'œuf, malheur à l'œuf...
Si l'œuf tombe sur la pierre, malheur à l'oeuf...
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