Poésie, symbolique du monde, les quatre éléments, contes, écoute, accompagnement, musique
Par Viviane Lamarlère
Pas très loin d'Arreau, dans nos proches Pyrénées, coulent conjugalement un Gave aux galets multicolores et un canal tranquille aux courbes condescendantes.
C'est la montagne qui décide de leur divorce.
Chacun a ses pêcheurs
qui s'ignorent.
Le premier bouscule un peu parfois ses frondaisons sauvages, le second ronronne entre ses rives très civilisées.
Des arbres élancés s’y abreuvent tout du long
la poitrine tendue vers le ciel
quelques oiseaux s’y posent avant de rebondir
mais leur faîte indolent reste de pèlerins
regardez leur reflet qu’emporte le courant c’est l’heure d’une pensée
ils laissent
par moments
le vent se nouer aux branches pour le plaisir des cris petits en haut des cimes
la lumière joue des rythmes un peu penchés et blancs sur des plages jaunies
En empruntant le chemin des marmottes on rejoint tranquillement
la Vallée d’Aure.
la route suit de fort près les caprices de l’eau
chaos de pierre touffes d'hêtres laissent peu à peu la place à des sapins
par endroits l’herbe rase glisse le long du ru
travail paisible et rude
La neige se fait plus dense dans l'air plus coupant
un arbre dénudé tient à peine debout
des choses étranges passent entre ses branches
alternance de vide
et
de faim
la route bute contre la mousse jaillissant du rocher
coulant sur le talus
elle porte quelque chose de vrai dans son vert rugissant
Concentré dans l'effort
l'arbre attend
On est si loin ici de ce qu’on habite tous les jours
on est dans la matière le regard derrière soi plein de souvenirs d'eaux
et la peau toute ouverte aux marges crénelées de blancheur
on est si loin des mots
et lorsque l'on rejoint les vignes oubliées
ça vous rouille le cœur la nostalgie
ça vous nourrit le sang
c’est un arrière-pays sans mensonge dont on ne finit pas d’explorer les chemins
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