Poésie, symbolique du monde, les quatre éléments, contes, écoute, accompagnement, musique
Par Viviane Lamarlère
Un jour
Il est sorti
a laissé dans son dos la vase encore tiède les petits remous d'ocre jaune les débuts de cailloux
homme machine homme résumé homme
noué
aux si fragiles musiques des sphères
tu rêves tu rêves
comme ils tournent tes rêves
sous l’eau de tes paupières
Parfois
tu cantiques des lèvres te soûlant de vie
et tu viens caresser de prières les creux de l'amant
mais ta peau
un envers un endroit
peut-être que ta peau te cache la vérité peut-être que ta peau t'a jeté à la rue
aurais-tu oublié ton passé de poisson
quelle somptueuse mort de perdre ses écailles et trahir l’océan
quelle somptueuse mort d'aller vers le sommet des classifications en ignorant les gouffres
Souvent
la grâce te vient des gestes ralentis
des gestes posés jusqu'au bout d'eux mêmes sans impatience
c’est la fatigue qui resserre vers soi
tu ne vas pas tarder à retomber au fond
sur ton meilleur profil
retrouver ton corset impossible aux frémissements de nacre
l'éternité de l'intant que seule connait la carpe
immobile sur sa planche à découper
tu fais ba ba des bulles silencieuses c’est là qu’on parle vraiment
dans l’épuisement
Toujours
tu te regardes dans le miroir complaisant que te tendent les autres et tu cries je je je mais ce mot il ne t’appartient pas
ce mot interchangeable dans quel angle de ta maison se trouve-t-il
vraiment
crois tu que chacune des cellules que ta peau laisse éparse
chaque souvenir
chaque pensée
chacun de tes actes
puisse prétendre au je
va
écoute avec tes pieds
la pointe de tes cheveux tes ongles te survivront
ce sont eux le vrai Je
Souvent
tu crois savoir et même te comprendre
et tu oses t'essayer à comprendre les autres !
comprends tu seulement cet air que tu respires
qui remplit tes poumons et ne fait que passer?
Parfois
tu sens - et ça fait mal à tes ourlets - que tu n’es rien qu’un pli
ou
une défection
Un jour
dans une sorte de magnifique vertige
tu entendras ce qui n’a pas de nom en toi
la chair l'âme la conscience
unes
éveillées
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