Poésie, symbolique du monde, les quatre éléments, contes, écoute, accompagnement, musique

des Dauphins et des Hommes



Je ne connais langue des pierres, pourtant ce qu'on entend chanter

juste après le lézard, le passage du lézard sur la rondeur des pierres
je ne sais mais entends
la langue de la mer
le doux ostinato
l'ostinato des vagues
et les soupçons que sèment les cris sternes blancs

Je viens au bord de mer.
toujours chercher un bruit
ou peut-être une voix

La pointe d'un rocher croqueville la nuit

Sens–tu ce qui se trame en l'écume sablée
l'amitié des abysses pour la contrée des hommes
bigarrée plumes écailles cheveux emmêlés ?

Bien sûr fallait manger
dans l'ordre des choses
on demandait pardon à chaque fleur coupée
à chaque fruit blessé
les matins étaient là où porter chaque frère sans connaître son nom

Rocher bourdonne de ces rumeurs de vagues
métrique du chaos

Comme elles sont loin et proches ces figures du temps
leurs longues
chevelures
visages de l'à peine esquissés dans la nuit



Petit Dauphin tu sais
toi
la coupure lointaine et jamais cicatrice entre les hommes et vous
Petit Pauphin tu sais
au coeur des grands remous
le rythme si léger
vertiges dépliés de l'histoire aperçue
calme fleur de coton férocité naïve

Douces
les vagues
disent
sans peur et sans reproche

les Nus se sont dressés ils ont perdus pelage et avec eux
la vie
qu’est-elle devenue ?
Le  ciel griffé de fer
et la terre et les arbres vont se desséchant

la pauvreté du vent macadam macadam
en sueur les cris sur l'autoroute
et la foule bruissante qui veut qui veut qui

veut
tous ces savoirs perdus pantelants démembrés
les chances mains ouvertes qui ne furent saisies


Tu sais Petit Dauphin
le froid de mort qui prit les grands frères
orgueilleux de leur arbre de
naître 
les grands oiseaux verts devenus misérables

la canope en filets vendue sur les marchés
le froid de mort versé par ceux qui se croyaient plus hauts que les nuées
la lumière était douce et chaude sur le visage
elle venait pour eux
c'est tout ce qu'ils croyaient
la lumière était eux mélangée à leurs yeux
ils l'ont coupées en mille en millions en milliards la lumière
ils ont tout découpé
pantins sans ficelles
jamais assis jamais
et leur faim d'inonder de chiffres et de lois

Homo malhabilis
massacre tronc sonne heure
sonne heure du bilan

Tu sais Petit Dauphin
les larmes de tes frères et de tous les anciens
à l'heure de retourner aux vagues

Le rocher qui s'enroule est mou comme un nuage
il pleut tout un langage
il traverse la pierre avant ma peau toucher



Tu sais Petit Dauphin
comme l'univers claque parfois la porte
et tout ce temps passé en rondes aquatiques
tu sais ce qui se trame
en l'âme de tes frères
et je suis la première
boiteuse de mes muscles à qui poussent nageoires
le bout du cœur au vague et au flou de la nuit
appelée à rejoindre l'autre moitié du monde dans le nid sans papier
définition sans hargne qui tourne en sens inverse des aiguilles du temps
tu sais le remontoir fabriqué par tes frères
pour nettoyer la faute
et je suis la première

la pointe du rocher
comme elle est loin déjà…



 
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V
Un creuset inépuisable de trouvailles... Si je voulais citer les vers ou expressions qui m'interpellent, je n'en finirais pas ("métrique du chaos" ..."la foule bruissante qui veut qui veut qui veut"... "Homo malhabilis"... "il pleut tout un langage"...) C'est quoi, "le remontoir fabriqué par tes frères "? On rêve, on flotte...
Répondre
R
Ah, celui là c'est un de mes préférés, le remontoir, c'est une machine à remonter le temps pour que les hommes rejoignent leurs amis les dauphins dans une mer apaisée où aucune des espèces de cette terre ne pourrait se blesser, s'écraser, se séparer...