Silence
une courbe
peut-être une cérémonie
le front appuyé au froid de l’autre côté de ma fenêtre
les premiers flocons réveillent une joie enfantine
le ballet des mésanges autour de chaque branche
Sur la terre Inuit la neige ne se dit
ne se pense
on l'accueille
Souvenir
Akira Kurosawa
Rêves
pages muettes longues comme un chagrin
d'un silence qui fait mal et qui ouvre et libère
procession de renards
il ne faut pas les regarder
procession maritale ou funèbre
ne pas suivre leurs traces et dévoiler le sens
sauf à se perdre dans la mort ou le rêve
La mort ou le rêve
Ailleurs pendant mon rêve le froid emporte des vies
Les flocons graphent le paysage
d' une telle intensité narrative que j’en reste sans voix
La voix.
Blessure ou ornement du silence.
D'où ça vient le langage
de nos premières faims de nos peurs animales et du temps immobile
on n'a pas encore dit les divisions du temps
du fleuve et de l'orage emportant avec eux le tronc d'arbre pirogue
l'enfant qui court vers la falaise
ne t'approche pas tu vas tomber dans un trou qui te guette
c'est le cri de la mère qui a provoqué l'accident
depuis
on ne peut plus jouer à défier l'ourlet noir
du vide
La parole au risque de la dérive et de la chute.
Parole
une chute
peut-être une cérémonie
vers ce qui n’est encore
Le monde du dehors s'appuie à mon visage
maintenant
c’est là
Silence
briser le moule
déchirer les peaux mortes
et les faire bouffer nettoyer digérer par
les vers
que tout puisse encore...