Poésie, symbolique du monde, les quatre éléments, contes, écoute, accompagnement, musique
Par Viviane Lamarlère
Retour de ce petit village où vit l’ami de ma cadette
la route est de courbes
emplies de tant d’erreurs qu’on voudrait en faire des bouquets
Une pente raide après un virage en angle droit
des vignes au-dessus desquelles vole un couple de buses
qui se posent toujours au même endroit
midi
les maisons isolées
un carrefour en forme d'étoile très vieille
une petite côte qui monte douce entre les chais
et puis la descente
brutale
Sur la bute
une sorte de fléau sur lequel je laisse toujours
avec la pointe au ventre
quelques instants balancer ma voiture
Le temps d’imaginer que je vais tomber droit
vers les villages en bas
mais ce soir
ce n’est pas un train que j’ai rencontré
c’est un chevreuil.
Il allait lentement
traversant la chaussée comme un roi qui ne craint ni le noir ni la route
Il faisait une nuit
Dieu…
comme la nuit peut éclairer la nuit
Il faisait nuit sans lune et pourtant
je l’ai vu
entrer avec lenteur dans les longs rangs de vignes
le poitrail en avant
bombé
éblouissant
une fête blanche sous sa robe dorée
je rêvais de vendanges et de ce sucre en feu qui fait un creux
l'automne
après le grain mordu
J'ai quitté la rencontre avec le sentiment d’être devenue pauvre
d’être restée au bord
d’une histoire formidable
où je n’étais conviée
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