Poésie, symbolique du monde, les quatre éléments, contes, écoute, accompagnement, musique
Dan–Bah n’en croyait pas ses yeux. Il avait enfin vaincu la Mort, cette hideuse bougresse qui lui avait volé si tôt sa bien-aimée et à laquelle il s’était juré de faire plier genou.
Dan-Bah, car tel était son nom en Mandarin, qui signifie Courage, Dan-Bah le philosophe
courait pour faire mentir la friande
dont le nez large ouvert humait chaque matin les chemins du vent.
- Où est Dan-Bah ? rugissait-elle de sa voix d’os.
Un petit vent servile rampait jusqu’au refuge du pauvre homme, y dérobait quelques parfums et les rapportait à sa maîtresse. Et la Mort arrivait en grand fracas, défonçait la fenêtre, tentait de l’attraper…
mais dan-Bah était rapide, plus rapide que la ort
Combien de maisons laissa-t-il derrière lui? Un jour il comprit.
- Les murs de pierre sont un palais factice, même au pauvre hère que je suis.leur solidité apparente est mensonge. La Mort y trouve son garde-manger et le ciment qui unit chaque pièce ne repousse sa venue que d’une petite heure.
Mais foi de Dan -Dah elle ne me mangera pas !
Il se cacha dans une épaisse forêt nichée au creux de montagnes où les vents les plus audacieux ne s’aventuraient plus depuis longtemps déjà. Hélas…
Quelques jours à peine après sa dernière fuite,
toujours conduite
par son chien de vent
elle le retrouva
abbatit les arbres de son pas lourd
en fit des planches et commença à le cerner
- Je te tiens, tu es fait, mon gars !
- Cause toujours… sourit Dan-Dah en se jetant au ruisseau où l’attendait sa barque.
Chemin voguant, il comprit.
- Le bois n’a repoussé la mort que de quelques jours, pire, ce palais en apparence si souple et accueillant semblae être un allié peu regardant à résister à ses avances.. Il me faut trouver autre chose.
Foi de Dan-Dah, elle ne m’enfermera pas dans le bois d’éternité !
La rivière empruntée l’emporta à contre courant jusque sa source au sommet d’une montagne.
Il s’y tenait
un immense palais de vents
aux courants si puissants
que les nuages peinaient à les contenir
de leurs muscles gris et blancs
Mais eux
de s’assembler en étages tours corridors portes
murs escaliers en spirales.
- Voilà maison qui me convient ! Murmura Dan-Dah, changeante comme je la rêve, et assez puissante pour repousser les forces du ciel. Enfin je vais dormir.
Et de fait, il dormit tout son soûl durant une bonne semaine tant la fatigue qui le tenait était immense.
Le temps passa, qu’il occupait à méditer ou à cultiver son jardin, ce qui est chose voisine.
Hélas… toujours conduite par son chien de vent,
Elle arriva, écarta un à un les voilages et les murs
et de peu s’en fallut qu’elle ne l’emmaillote.
- Je te tiens ! tu es fait mon gars !
- Cause toujours, sourit Dan-Bah en sautant dans le premier précipice dont l’entrelacs de lianes et de branches accueillit gentiment sa chute.
Descendant comme un singe le long des arbres, il comprit.
- Les palais, qu’ils soient de vent ou de pierre, ne repoussent la Mort que de quelques mois. Pire, leur magnificence est à elle seule un tombeau. La Mort y trouve de quoi attirer d'autres victimes innocentes.
Foi de Dan-Bah je ne serai son hameçon , et si je dois mourir ce jour, que ce soit moi qui choisisse l'heure et le lieu.
Alors il se laissa tomber à terre avec l’espoir qu’elle s’ouvre sous son poids et se repliee doucement sur son visage.
Soudain
à quelques centimètres de son nez
une petite plante surgit.
- Viens ! rentre dans mes murs, je peux te sauver de la mort .
- Toi ? Mais tu es bien trop petite, tu tiendrais dans ma main !
- Aies confiance, rentre.
Déjà sonnaient dans la campagne alentour le cliquetis des os de sa funeste ennemie.
Dan-Bah, quoique conscient du ridicule de la situation, prit son élan et sauta sur la plante. Les parois nacrées, odorantes, très douces au toucher se refermèrent sur lui.
La mort au - dehors et vue d'en bas était toute floue, comme nimbée de lait, surtout, elle semblait toute petite.
D’un doigt crochu elle tenta d’ouvrir la maison plante.
Mal lui en prit, elle fut repoussée d’une bonne année par une force inconnue : la paroi blessée non seulement se régénérait plus vite que la faim de nuire de la Mort, mais elle donnait naissance à d’autres parois aussi douces et odorantes qu’elle..
On ne désespère pas ainsi la Mort.
Elle revint à la charge, plusieurs fois, chaque fois repoussée de deux puis trois puis dix puis cent… années, tandis que Dan-Bah vivait heureux avec une gente veuve qui avait elle aussi trouvé refuge en un recoin de ce lieu étrange.
Bientôt de murs il y eut mille
et de tout autant d’années
la mort par l’oignon
est-elle repoussée
dit-on...
Musique chinoise traditionnelle
A partir d'un dicton chinois
" L'oignon repousse la mort de cent ans"