Que la vie est belle malgré tout ! pensait Pensée.
Pensez... Bien du temps avait passé depuis que panse et ronde
aux tous débuts du Monde
elle roulait sa bosse d'elle à elle-même
comme font les nuages se dissipant s'évanouissant et renaissant.
Pensée vivait alors seule et s'en trouvait fort bien!
Lui venait le sommeil? Elle se roulait en rêves oubliés au petit jour.
Une intuition lui traversait-elle l'esprit ? Mille mondes s'ouvraient devant elle dont elle ne ferait rien que les contempler avant d'aller ailleurs
où d'autres mondes l'attendaient.
Or un jour se mit en travers de son chemin de ronde ... devinez quoi?
Un Apophtegme, raide sur ses pattes et fort sûr de lui.
- Pousse-toi que je passe... rêva Pensée, penchée sur les certitudes de la bête.
- Je ne puis m'écarter, ni toi. Mon maître me délègue pour demander ta main, répondit sans mot dire l'animal.
- Besoin de persoooooonne! pensa Pensée indignée.
- Mon Maître t'offre ce philtre en gage de ses sentiments.
Un philtre! Diable, qu'était ce nouvel objet? Pensée le respira, s'enivra de ses fragrances et se laissa convaincre sans même demander à voir le visage ou entendre la voix de son promis d'office. Les épousailles eurent lieu rondement.
Les premiers temps furent idylliques, comme tout ce qui est neuf.
Bien sûr il lui arrivait souvent, chamboulée qu'elle était de cette aventure, de confondre
la babouche qu'a Lang-Age avec la Babouchka de l'Apophtegme
le tank qui passe avec le temps qui passe
l'épi fané au Maine avec l'épiphénomène.
Tout cela disparaitrait avec un peu d'instruction et Lang-Age était bien décidé à faire celle de Pensée, laquelle étant de bonne composition quoique difficile à cerner, fondait de tendresse devant son conjoint:
Qu'il est mignon mon époux: ventru et mince, ouvert et limité, de coque sèche et criblée pensait Pensée que jamais ne venait effleurer la moindre motvaise idée. Tout allait pour le mieux!
Ventru et mince, ouvert et limité, de coque sèche et criblée me direz-vous... Mais à quoi donc ressemblait Lang-Age ... ? Hé bien, imaginez une passoire. Avec tous les états d'âme supposés à une passoire, tout le doux, le sensuel, le tendre, le caressant d'une passoire.
En vérité, l'ustensile, je veux dire Lang-Age, était un vieux garçon un peu égoïste et très amoureux.
Pensée était-elle traversée d'indicible? Lang-Age l'attirait à lui sans égards pour ses désirs de promenade.
Pensée était-elle joyeuse de problèmes neufs à disperser dans le cosmos? Lang-Age la pressait pour en extirper quelque loi nouvelle.
Rien ne venait apaiser sa faim: Le parfin de nouveauté qui séchait sur sa vieille couane après chacune de leur rencontre était tout le bonheur de Lang-Age. Et comme il était de nature acharnée, il parvenait toujours à concentrer en quelques gouttes puissantes et faciles à répertorier ces univers immenses laissés sur son corps par la chair même de son épouse.
Le pire de tout est que Pensée, après avoir - un peu - critiqué la propension de Lang-Age à la mener vers le bas, finit par y trouver amusement!
Après tout, le Septième ciel, elle en venait à tout instant et n'avait besoin d'y retourner et puis son amour était sincère et puis
à chacune de ses traversées houleuses de la paroi de Lang-Age
naissaient quelques enfants
mycélium inédit d'idées moelleuses et enroulées en tous sens
alors...
D'une rencontre à l'autre, ils vieillirent ensemble.
Puissions-nous en vivre autant!