Poésie, symbolique du monde, les quatre éléments, contes, écoute, accompagnement, musique
Entendu hier une émission sur les dangers de l'informatique, la cyber criminalité et les nouveaux robots inventés par les japonais pour remplacer les aides soignants, les garde malades et même les bébés ( pour les couples qui veulent apprendre à " se servir " d'un nourrisson... si si, vrai de vrai... comment ai-je fait pour me passer de cela, moi qui ai élevé trois enfants sans cesser d'enseigner??? On me doit une médaille!!! )
Ce type d'inventions abracadabrantesques mais qui, n'en doutons pas, fera des émules abêtis et heureux, ne peut que provoquer un rejet massif et sans nuance des nouvelles technologies au premier rang desquelles Internet.
Que celui qui estime
que l'invention de la seringue est à honnir car elle a créé l'addiction aux drogues dures,
que l'invention de la bouteille est à haïr car elle a fait naître l'alcoolisme,
que l'invention du chocolat en tablettes est responsable de l'obésité
que celui-là se lève et nous dise que l'invention d'internet est responsable de la déshumanisation programmée.
Comme tout ce qui est inventé par l'homme, l'objet informatique doit rester un service qui lui est rendu et non une entité dont il devient esclave. Lorsque je n'ouvre pas mon ordinateur, ce ne sera jamais lui qui viendra me chercher. Lorsque je laisse tranquille mes carrés de chocolat, ils ne fondent ni de tristesse ni de satisfaction. Dans les deux cas je mets en action ma volonté, donc ma liberté.
Internet est un lieu auquel je consacre un certain temps de ma vie depuis des années. Mais un certain temps très encadré et surtout très limité. J'ai une grande maison à tenir, un jardin, encore une fille à la maison, souvent de la famille ou des amis qui débarquent, de la cuisine à imaginer et préparer pour mes gourmands, des poèmes à conquérir etc. Combien de temps sur la toile? Deux heures trente par jour. Réponse aux courriers, frappe de mes articles et mise en ligne, quelques recherches pour certains d'entre eux, lecture des amis des blogs et hop! le tour est joué!
En vérité, Internet est pour moi une fabuleuse bibliothèque, un lieu de rencontre et d'échanges avec des personnes que je n'aurais jamais rencontrées autrement. Un lieu de travail aussi: comment aurais-je pu faire avancer ... un peu... l'attention portée à la fin de vie si je n'avais à la fois milité dans un ( ex) grand parti et utilisé internet?
Le secret est de s'organiser dans le temps.
Je n'écris jamais directement sur le clavier.
Besoin intensément du contact avec la feuille de papier et la plume. Et puis pendant qu'une main travaille l'autre batifole avec ce qui se trouve à portée. En ce moment c'est une tasse de thé Lapsang-Souchong dans laquelle s'élargit un nuage de lait et qui réchauffe ma paume un peu raidie des travaux de jardinage du matin. Une autre fois ce sera un fruit ou un objet.
Avoir les deux mains occupées à l'identique me semble réduire mon imagination.
D'ailleurs c'est souvent en faisant le ménage, les lits ou le repassage que surgissent les poèmes ou contes. Activités qui occupent le corps et libèrent le mental. J'ai toujours sur moi un petit carnet où je note, où que je me trouve, ce qui traverse l'esprit. Jamais je ne note sur l'ordinateur: trop de méfiance des bugs de la machine.
Pour finir, une relation saine avec cet outil passe par une relation saine avec la Vie. S'aérer, rencontrer des amis, faire du sport, jardiner, lire de vrais livres aussi, écouter son compagnon quand il rentre du travail, l'aider à se dire, et surtout ne pas se laisser tenter par les facilités qu' offre la toile.
Je vis dans un petit village
je n'en connais tous les visages
et ne fréquente pas tous ceux que je sais.
Cela fait des années que mon blog existe. Je ne le maintiens pas en vie pour me donner l'illusion de vivre, mais parce que je suis totalement vivante et à ce titre communicante, partageuse, écoutante de ce qui est, se donne et se reçoit.
Simplement, à l'instar de mon petit village, je ne m'y disperse pas. Les amis choisis sont restés les mêmes, j'ai refusé la tentation facile du lien qui en amène un autre qui en amène dix qui en amène mille. Préféré la proximité et la restriction à cette dispersion à perpète sans bouger de chez moi qui méloigne cependant de ce que je suis profondément: épouse, cuisinière, musicienne, maman, conteuse, jardinière ( dans le désordre et j'en passe)
L'un des dangers d'internet est qu'il offre la possibilité de s'éloigner de soi sans bouger de chez soi. D'aller chercher très loin et cependant si près en vitesse d'accès une sorte d'exotisme, des excitations en deux dimensions seulement qui tiennent à leur nouveauté colorée si rapidement épuisable.
Il y avait un beau livre que j'ai dévoré adolescente, Voyage autour de ma chambre ( en lien intégralement ici).
Il m'a appris que l'on peut au contraire aller vers l'infini et se rejoindre constamment sans bouger de sa maison ou son petit pays et sans autre véhicule que... l'imagination. Il m'a appris tout ce que je sais du bonheur qu'il y a à rester près de soi, ne pas chercher trop loin la merveille qui se trouve sous nos yeux, apprendre à nous connaître, creuser le réel et y dénicher l'ineffable.
Pour ne pas se laisser dévorer par la machine, le secret est peut-être tout simplement d'obéir à un vieux proverbe d'actualité en ces périodes pascales : Ne mettre pas tous ses oeufs dans le même panier. Accorder autant de temps à l'esprit qu'au corps, à la nature qu'à l'intérieur, au travail des mains qu'à celui de l'imaginaire. Ce que j'en dis... Vaut ce qu'il vaut ;o)